Les ratés s'accumulent autour de la nouvelle piste cyclable du boulevard Saint-Laurent, entre les rues Bernard et de Bellechasse.

Ce chantier, marqué par de nombreux arrêts impromptus, devait être terminé à la fin de novembre 2014. Or, six mois plus tard, les travaux se poursuivent: l'asphaltage a été complété il y a deux semaines et les nouveaux feux de circulation viennent tout juste d'être activés. Une série de correctifs devront toutefois être apportés pour régler divers défauts de conception.

La Ville avance plusieurs explications pour justifier ces nouveaux retards. «Même si certains travaux ont été annoncés pour être terminés en novembre dernier, il est rapidement apparu évident que tout ne pouvait pas être terminé pour fin novembre, a expliqué la porte-parole Geneviève Dubé. Pensons par exemple au marquage, qui ne peut être réalisé que par temps doux et sec, donc pas avant la mi-mai.»

Mme Dubé ajoute que les feux de circulation n'ont pu être installés avant la fin du marquage au sol, «pour des raisons de sécurité».

Des pénalités?

Lorsque La Presse a mis au jour les nombreux retards qu'accusait ce chantier, l'automne dernier, un porte-parole de la Ville a indiqué que Groupe Hexagone, l'entrepreneur chargé des travaux, s'exposerait à des pénalités si tout n'était pas fini pour la fin de novembre. À l'époque, des commerçants et des citoyens se plaignaient des inconvénients liés à ce chantier souvent à l'arrêt.

Six mois plus tard, la Ville a changé de discours. «Comme les travaux ne sont pas terminés, nous ne sommes pas en mesure de confirmer pour le moment s'il y aura pénalités ou pas, a indiqué hier Geneviève Dubé. Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte pour évaluer les retards: les retards causés par des imprévus lors des excavations, des retards occasionnés par des changements aux plans, par la température ou par l'entrepreneur lui-même.»

Seules deux firmes avaient répondu à l'appel d'offres lancé par la Ville en janvier 2014. Le contrat octroyé à Groupe Hexagone, ancienne entreprise de Tony Accurso, atteint 5,4 millions de dollars, ce qui inclut des «dépenses incidentes» (accessoires) de 584 000$ et une somme de 467 000$ pour les «contingences».

En plus des correctifs à apporter aux ouvrages déjà finis, l'entrepreneur devra achever la construction d'un rond-point destiné aux cyclistes, à l'angle du boulevard Saint-Laurent et la rue de Bellechasse. Certains travaux d'excavation et le coulage de béton restent aussi à faire.

Grogne chez les cyclistes

Au-delà des importants retards, divers problèmes de conception soulèvent la grogne des cyclistes. Un virage serré à 90 degrés, qui permet de pénétrer dans la piste sous le viaduc Van Horne, a été jugé dangereux. Il sera refait «d'ici vendredi prochain», selon la Ville.

Un peu plus loin, rue de Bellechasse, le marquage au sol de la nouvelle piste aboutit directement dans la saillie d'un trottoir. Cet élément devrait aussi être corrigé.

Pour l'heure, toutefois, la confusion - et la colère - règne chez de nombreux cyclistes. «C'est surtout le chantier interminable qui alimente les insatisfactions, a noté Suzanne Lareau, présidente-directrice générale de l'organisme Vélo Québec. Ça contribue beaucoup à alimenter la critique et le cynisme.»

Malgré certains écueils de conception, Mme Lareau estime toutefois que la situation est «100 fois mieux qu'elle ne l'était» dans ce secteur pour les cyclistes. «On a retiré deux voies de circulation, les cyclistes sont beaucoup plus en sécurité.»

Quelque 4000 cyclistes empruntaient chaque jour cette intersection avant les travaux, note la PDG de Vélo Québec. Elle estime que l'achalandage a probablement déjà augmenté à 6000 par jour.