La famille de l'artiste Charles Daudelin est sortie de son mutisme dimanche pour dénoncer le projet de réaménagement du square Viger. Décriant la démolition annoncée de l'Agora, ses proches rejettent du même coup le compromis proposé par Montréal pour commémorer l'apport du sculpteur, y voyant une «mutilation» de l'oeuvre.

Vendredi, le maire Denis Coderre dévoilait le projet de réfection du square Viger que son administration souhaite rendre plus accueillant. Pour réaliser cet aménagement, la Ville de Montréal prévoit toutefois démolir l'Agora, une imposante oeuvre de béton réalisée par Charles Daudelin, sous lequel les itinérants campent depuis de nombreuses années.

Dans un communiqué envoyé ce matin par l'avocate de la succession, la famille a tenu à faire part de sa «désapprobation» face à la démolition annoncée de l'Agora. Si le square Viger attire autant les itinérants, ce n'est pas en raison de l'oeuvre, mais plutôt parce que la Ville a laissé le site à l'abandon, estime la famille. «L'absence d'animation et d'entretien a eu pour conséquence d'en faire un lieu négligé», écrit l'avocate de la famille, Me Vivianne de Kinder.

La famille estime de plus que Montréal n'a jamais avoir respecté le concept original élaboré par Charles Daudlein. «La Ville a exécuté ce projet, inauguré en 1983, de façon incomplète, sans en respecter les plans originaux. »

Quant à la proposition de déplacer la sculpture-fontaine Mastodo, la famille y voit un «démembrement et une mutilation de l'oeuvre». «Le projet de la Ville ne ressemble en rien à un hommage à Charles Daudelin, mais plutôt à un dénigrement de son oeuvre. Elle bafoue la création même de cet artiste, portant atteinte à l'image de celui-ci et à l'intégrité de son oeuvre », écrit Me de Kinder.

La famille préférerait voir la Ville apporter des correctifs que de procéder à la démolition pure et simple des structures de béton composant l'Agora. «Un hommage véritable serait de respecter l'oeuvre dans son intégrité par des correctifs d'aménagement selon le concept original de l'artiste », dit Louise Daudelin, veuve de l'artiste.

La famille se dit toujours en réflexion sur les démarches qu'elle pourrait entreprendre pour tenter de bloquer la démolition. «La succession n'a pris encore aucune décision à l'encontre des atteintes projetées aux droits moraux de Charles Daudelin. Elle est pour l'instant en réflexion.»

À défaut d'entente, le maire Coderre a indiqué que Mastodo sera remise à la famille et qu'une autre fontaine sera aménagée.