L'Unité permanente anticorruption (UPAC) a lancé hier un premier coup de semonce pour démontrer qu'elle a bien l'intention de garder à l'oeil le chantier de construction du nouvel échangeur Turcot, dans le sud-ouest de Montréal.

Une entreprise spécialisée dans le cassage de béton, PAC Construction Démolition, a été expulsée d'un chantier, mercredi, après qu'une vérification réalisée par la Commission de la construction du Québec (CCQ) eut révélé que l'entreprise n'avait pas de licence en règle pour réaliser les travaux qui lui avaient été confiés.



Selon un communiqué émis hier par l'UPAC, l'entreprise a « régularisé sa situation » auprès de la Régie du bâtiment du Québec (RBQ) qui émet les licences aux entrepreneurs, et ce, dès le lendemain de son expulsion du chantier Turcot.



Même si la situation est rentrée rapidement dans l'ordre, l'UPAC affirme qu'« une enquête a été ouverte par l'équipe de la RBQ », intégrée à l'unité anticorruption.



Le commissaire à la lutte contre la corruption, Robert Lafrenière, a rappelé hier qu'« obtenir des contrats publics est un privilège. Seules les compagnies ayant les qualifications nécessaires, et qui se conforment aux règlementations en vigueur, pourront les réaliser. Cette première intervention de la CCQ auprès d'une entreprise fautive annonce déjà que les contrôles de chantiers du projet Turcot seront serrés. »



Selon le ministère des Transports du Québec (MTQ), responsable du projet Turcot, P.A.C. Construction Démolition est un sous-traitant de l'entreprise de béton Demix, qui est sous contrat avec le MTQ pour les travaux de réfection d'une bretelle de l'échangeur Turcot actuel.



Le MTQ affirme que la licence RBQ de P.A.C. Construction Démolition avait expiré, et que l'entreprise avait omis de la renouveler - ce qui a été fait hier.



L'échangeur Turcot est le plus important carrefour autoroutier au Québec. Environ 300 000 véhicules empruntent chaque jour ses nombreuses bretelles qui relient entre elles les autoroutes 15, 20 et 720, dans le sud-ouest de Montréal.



Son remplacement par un nouvel échangeur est prévu d'ici 2020 à un coût estimé de 3,7 milliards. Il s'agit du plus important chantier routier du Québec.



Au moment de l'attribution du contrat principal de 1,5 milliard, en décembre dernier, le commissaire Lafrenière avait prévenu qu'il fallait s'attendre à voir « beaucoup de jackets avec un logo de l'UPAC dans le dos » sur ce chantier. La conformité des entreprises aux lois et règlements et le travail au noir font partie des éléments qui seront surveillés par l'UPAC tout au long des travaux du projet Turcot.