Le gouvernement du Québec a donné le feu vert à un projet visant à ouvrir plusieurs lieux à Montréal où les gens pourront s'injecter de la drogue légalement et de façon sécuritaire, mais il y a encore loin de la coupe aux lèvres.

La ministre déléguée à la Santé, Lucie Charlebois, a fait savoir jeudi que le gouvernement provincial avait approuvé le plan d'ouvrir des sites d'injection supervisée dans trois organismes communautaires, et d'avoir aussi une unité mobile.

Ce projet est encore loin de devenir une réalité, car Ottawa doit donner son consentement, et une exemption à la Loi réglementant certaines drogues et autres substances.

Le gouvernement fédéral est en train de faire adopter une loi pour amender le Code criminel afin de prévoir des endroits où les utilisateurs pourront légalement s'injecter des drogues, mais dans des circonstances exceptionnelles seulement, et en vertu d'une longue liste d'exigences pour les demandeurs.

Ce projet de loi est présentement débattu au Sénat.

Santé Canada a affirmé par voie de communiqué qu'il ne commentait pas publiquement les demandes d'exemptions et qu'il n'avait pas d'échéancier pour rendre une décision sur les quatre sites montréalais.

Le seul site légal d'injection supervisée au Canada, Insite, se trouve à Vancouver. Il est ouvert depuis 2003.

Mme Charlebois a souligné que les sites d'injection supervisée réduisent le risque de surdose de drogue et permettent d'offrir aux utilisateurs divers services sociaux et soins de santé.

La Ville de Montréal est également en faveur du projet. Catherine Maurice, porte-parole du maire de Montréal, Denis Coderre, a affirmé que ce dossier était une priorité pour le maire.

Elle a aussi indiqué que l'approbation du gouvernement fédéral devrait être une formalité et que, bien que la Ville est consciente que Santé Canada ne donnera pas d'échéancier, «nous n'attendrons pas pour toujours après le gouvernement fédéral».

Si le projet obtient l'aval d'Ottawa, le premier site d'injection supervisée sera installé au Cactus Montréal, un organisme communautaire qui travaille à la prévention des infections transmissibles sexuellement et par le sang et qui a créé le premier programme d'échange de seringues en Amérique du Nord, en 1989.

Le président du conseil d'administration, Louis Letellier de St-Just, a affirmé qu'il était heureux des développements du dossier, mais il craint qu'Ottawa ne partage pas son enthousiasme.

M. Letellier de St-Just considère que le projet de loi fédéral est «comme un étau» qui se resserre sur les organismes comme le sien, car il fera en sorte de rendre très difficile d'ouvrir et de maintenir un site d'injection supervisée.