C'est un cadre de la Ville de Montréal qui prendra temporairement les rênes de la Société du parc Jean-Drapeau, secouée par une crise qui a entraîné le départ de son directeur général et de la présidente de son conseil d'administration.

Le maire Denis Coderre, qui a annoncé hier les suites qu'il donnait à un rapport accablant de l'inspecteur général, affirme que la loi l'empêche d'imposer une tutelle à une société paramunicipale. Reste que désormais, la Ville plonge à deux mains dans les opérations de la Société, qui existait jusqu'ici de façon quasi indépendante.

«S'il faut repenser la structure des paramunicipales, on le fera, mais dans l'urgence, je voulais avoir une approche pragmatique», a-t-il déclaré le maire lors d'un point de presse à l'hôtel de ville.

M. Coderre a annoncé hier la création d'un protocole d'entente qui forcera la Société du parc Jean-Drapeau à avoir recours aux services de la Ville pour son approvisionnement, pour ses services juridiques et pour la réalisation de tous ses grands projets. Ainsi, un chargé de projet de la Ville sera nommé la semaine prochaine pour superviser l'exécution de tous les projets de legs du 375e anniversaire de la métropole, qui prendront forme sur l'île Notre-Dame.

Ce sont ces projets qui sont à la source du rapport du Bureau de l'inspecteur général (BIG).

Système de pondération «inusité», absence d'estimation des coûts, critères de sélection contraires à la loi, appel d'offres dirigé: l'enquête du BIG révèle que 12 contrats accordés en vue de la revitalisation de l'île Sainte-Hélène serait probablement déclarés nuls s'ils se retrouvaient devant les tribunaux.

Le rapport du BIG montrait du doigt la Société du parc Jean-Drapeau ainsi que le Quartier international de Montréal (QIM), organisme à but non lucratif qui s'est vu confier le rôle de gestionnaire de ce projet.

Les quatre contrats toujours en vigueur dans ce projet seront résiliés, a annoncé hier le maire. Ils totalisent 7,75 millions. Montréal retire aussi à QIM son mandat de rénovation des paddocks du circuit Gilles-Villeneuve, projet qui n'était pas mentionné dans le rapport du BIG. M. Coderre promet que ce projet sera réalisé pour 2017.

À compter de maintenant, Montréal ne réalisera plus d'ententes de gré à gré avec QIM.

Legs: La Ville pourrait «manquer de temps»

Puisque le processus d'appel d'offres doit être relancé, les trois grands projets de legs en vue de la célébration du 375e anniversaire de la Ville de Montréal pourraient ne pas être prêts en 2017. Le maire affirme qu'il privilégiera la réalisation d'un amphithéâtre naturel à l'aménagement d'une promenade riveraine ou à la revitalisation de la place des Nations.

Même si le maire Coderre dit qu'il «remet en cause» les sociétés paramunicipales, il n'est pas question, pour l'instant, de liquider la Société du parc Jean-Drapeau, comme le réclame l'opposition.

«Si on liquide actuellement, on met tout en péril. On est trop avancés, il y a trop de projets», a-t-il affirmé.

Alex Norris, conseiller municipal pour Projet Montréal, pense que l'administration est en train de mettre un pansement sur un problème structurel qui gangrène la Société du parc Jean-Drapeau.

«Le fait de mettre un cadre de la Ville de Montréal ne résoudra pas grand-chose, nous avons déjà eu des représentants de la Ville à la Société d'habitation et de développement de Montréal ou à Tourisme Montréal, et ça n'a pas empêché des scandales d'éclater. La véritable solution au problème de gouvernance de la Société du parc Jean-Drapeau, c'est son rapatriement au sein même de l'administration de la Ville», a dit M. Norris.

Ce dernier reproche au maire d'avoir fait de l'ancien directeur général Daniel Blier un bouc émissaire.