Les conducteurs de métro ont pour mot d'ordre clair de ne pas porter secours aux blessés sur les quais du métro et de continuer à assurer le service si rien n'obstrue les rails, a confirmé hier la Société de transport de Montréal (STM).

Ce sont ces instructions qui ont été appliquées en janvier 2014, lorsque Radil Hebrich a été abandonné pendant 16 minutes après que sa tête eut heurté une rame en accélération. M. Hebrich est mort quelques heures plus tard à l'hôpital.

Selon le coroner Jacques Ramsay, trois conducteurs de métro et une quarantaine de passants ont vu son corps inanimé sans lui prêter secours avant l'arrivée des ambulanciers, un vendredi soir à la station Langelier. La tête blessée de M. Hebrich se trouvait à une cinquantaine de centimètres du bord du quai.

« Dans tous les cas, aussitôt que tu vois une anomalie comme ça, tu avertis le poste de commande centralisé [PCC]. Et en tout temps, quand ce n'est pas sur les rails, les conducteurs ont le mot d'ordre de continuer », a indiqué Renato Carlone, président du Syndicat des chauffeurs d'autobus et opérateurs de métro (local 1983). 

« Le protocole, c'est ça, et il a été suivi [dans le cas de Radil Hebrich]. Les trois conducteurs ont fait ce qu'ils avaient à faire. »

Les trains passent alors en mode manuel, ce qui permet aux conducteurs de les faire entrer en station à une vitesse moins importante.

«Une question sociale»

Par courriel, la STM a confirmé que « M. Carlone a raison ». L'organisation n'a pas voulu en dire davantage, car elle est « à revoir les circonstances de ce décès ». « Il faut prendre le temps de faire le travail correctement », a dit Amélie Régis, des communications de la STM.

Pour Renato Carlone, l'absence d'aide apportée à Radil Hebrich le soir fatidique est « une question sociale » plutôt qu'un motif de reproche pour ses membres. De toute façon, ceux-ci n'ont pas suivi de cours de premiers secours - sauf initiative personnelle. « Si [l'employeur] en donne, on les prendra, a ajouté M. Carlone. On est ouverts à ça. »

La STM a ajouté que l'ensemble du personnel allait « collaborer pleinement avec le SPVM » dans les vérifications que ses agents effectuent en vue d'une possible ouverture d'enquête criminelle. « Il y a des éléments qui n'ont pas été portés à la connaissance du coroner », a toutefois indiqué Mme Régis, sans toutefois préciser lesquels.