Le maire de Montréal, Denis Coderre, a terminé hier une visite de deux jours dans la Ville Lumière. L'électrification des transports, l'intégration des immigrants, la rétention des familles et le développement économique sont autant de sujets qui ont alimenté ses discussions avec les acteurs politiques de la capitale. Et Paris peut servir d'exemple à Montréal dans plusieurs domaines, a-t-il constaté. À condition, ajoute le maire d'avoir les moyens de ses ambitions. Aperçu d'un séjour inspirant.

Transports

C'est en matière de transports qu'il semble que Montréal ait le plus à apprendre de la capitale française. Baisser la limite de vitesse sur certaines artères, comme l'a fait Paris, est déjà à l'étude à Montréal. Denis Coderre promet «de créer un environnement propice» au développement de la voiture libre-service à Montréal, omniprésente à Paris. Le maire a louangé les efforts de l'ancien maire de Paris Bertrand Delanoë, qui s'est attaqué à la réduction de la circulation dans Paris. Mais à Montréal, dit-il, «la voiture est là pour rester». «En Europe, il n'y a pas la même culture du train, il n'y a pas les mêmes espaces, explique Denis Coderre. Ceci étant, on a un point en commun: la nécessité de réduire les gaz à effet de serre et la pollution.»

Gouvernance

Là où le maire Coderre voit un fort potentiel, c'est dans le regroupement des différentes sociétés de transport de la région de Montréal en une seule entité, comme c'est le cas à Paris et dans sa région. «Ça va prendre une société métropolitaine de transport. Pour ça, ça prend une périphérie qui est fluide. L'île de France est un beau modèle, intégré, souligne-t-il. Le politique peut planifier, garder les orientations, ajoute le maire Coderre. Il n'y a rien qui empêche l'intégration des services tout en gardant des exploitants différents. Ça se fait ailleurs, à Lyon, notamment.»

Électrification

L'électrification des transports est le nouveau cheval de bataille de Denis Coderre. Outre les voitures libre-service, le SLR et les taxis électriques sont les voies de l'avenir, selon lui. «Si on veut se redéfinir, on est la capitale de l'hydroélectricité, il faudrait profiter de ça», dit-il. Ainsi, Denis Coderre estime que le nouveau partenariat avec la Caisse de dépôt est salutaire. «Ça va nous amener un plus grand investissement pour qu'on ajoute des transports collectifs», estime-t-il, jugeant qu'il faut offrir «un bouquet» d'options à la population, des transports en commun aux pistes cyclables en passant par les rues piétonnes.

Rétention des familles

L'ancien maire de Paris Bertrand Delanoë a réussi un tour de force pendant son mandat: renverser la tendance de l'exode des familles, qui sont maintenant plus nombreuses à Paris qu'il y a 10 ans. «C'est le défi de toutes les métropoles de s'assurer qu'on puisse non seulement bâtir des logements supplémentaires, mais travailler à une stratégie de rétention des familles, souligne M. Coderre. C'est une priorité de tous les maires de toute grande métropole de créer un milieu de vie, dans un contexte de mixité sociale, ajoute-t-il. Évidemment, on ne veut pas créer de ghettos.»

Immigration

Dans ce contexte, Montréal veut aussi avoir son mot à dire dans la sélection des immigrants qui arrivent sur son territoire, et les services d'intégration qui vont de pair. «L'intégration, c'est pas juste de la francisation, c'est des emplois, des services, des logements, des organismes», affirme le maire Coderre, rappelant que près de 85% des nouveaux arrivants au Québec s'établissent dans la grande région de Montréal. «C'est une réalité à laquelle on est confrontés, soutient-il. Il faut avoir la capacité de les intégrer, la capacité de les aider.»

Pouvoirs accrus

Pour arriver à ses fins et «participer au développement du Québec», Montréal doit toutefois en avoir les moyens, réitère Denis Coderre, plaidant pour de «nouveaux leviers économiques». Paris jouit d'un statut particulier, le fameux statut de «métropole» que revendique le maire de Montréal. «Il faut avoir des sources de revenus diversifiées», ajoute M. Coderre, réagissant au rapport de la CRE, publié hier, qui plaide pour que Montréal bénéficie d'une partie de la TVQ. «Tu ne peux pas être une locomotive et être à la remorque. Tu es supposée tirer les wagons, pas te faire pousser par les wagons.»

Francophonie

Denis Coderre avait par ailleurs entamé son séjour à Paris en rencontrant la secrétaire générale de la Francophonie, Michaëlle Jean, à qui il a annoncé son intention de recevoir le sommet de l'organisation à Montréal en 2018. L'ex-gouverneure générale du Canada a été nommée à la tête de l'organisation lors du dernier Sommet de la Francophonie, qui s'est tenu à Dakar, au Sénégal, à l'automne 2014. Le prochain sommet se déroulera à Madagascar, en 2016.

Vatican

Après deux jours à Paris, où il a notamment été reçu par le président français, François Hollande, le maire de Montréal s'est envolé pour l'Italie, où il assistera aux audiences générales que tient le pape François tous les mercredis. M. Coderre s'y rendra en compagnie de l'archevêque de Montréal, monseigneur Christian Lépine. Les audiences générales se déroulent tous les mercredis à la place Saint-Pierre de Rome depuis 1925, une tradition instaurée par le pape Pie XI. À l'issue de la cérémonie, le pape rencontrera brièvement tous les évêques s'étant déplacés ainsi que les personnalités politiques sur place, dont Denis Coderre.