Il est à peine 5h30, un mercredi matin, et le premier stationnement de la station de Deux-Montagnes, sur la ligne de train du même nom, est plein. Ici, les matinées ne sont pas aussi joyeuses que sur la nouvelle ligne de Mascouche, inaugurée le 1er décembre.

Dans leur voiture, des dizaines de personnes attendent ou somnolent avant qu'arrive le train de 5h50. Elles sont à quelques pas du quai et elles sont chanceuses. Car ceux qui arriveront plus tard auront un chemin beaucoup plus long - et complexe - à parcourir.

La course aux places de stationnement

En moins d'une heure, l'ensemble des 1200 stationnements de cette gare sera occupé. Si bien que les «lève-tard» - qui arrivent après 6h45 - devront se stationner devant les Promenades Deux-Montagnes, à environ 1 kilomètre de la gare.

«Ce n'est pas si loin, admettent les usagers que La Presse rencontre au petit matin. Mais la marche est dangereuse, car nous devons traverser deux boulevards et marcher à travers les autos dans des stationnements», précisent-ils ensuite.

La ligne de Deux-Montagnes, avec ses 31 000 usagers par jour, est la plus achalandée du réseau de l'Agence métropolitaine de transport (AMT). Mais elle est victime de sa popularité. «À partir de Roxboro-Pierrefonds [cinquième station de la ligne], ça devient difficile d'entrer dans le train», confie l'usager Francis Vanier.

Pas de wagons à deux étages

Comme lui, de nombreux usagers de la ligne Deux-Montagnes ont suivi l'ouverture de la ligne Mascouche. Et ils ont ri jaune. «C'est bien que l'offre de transport collectif soit augmentée. Mais c'est sûr qu'on s'est demandé pourquoi on n'avait pas ce type de wagons là, à deux étages», a déclaré Catherine Corbeil, rencontrée sur la ligne Deux-Montagnes. Autour d'elle, plusieurs personnes se sont posé la même question.

En décembre 2013, l'AMT a lancé un appel d'offres pour la fabrication de 23 nouvelles voitures multiniveaux pour la ligne Deux-Montagnes. Mais ceux à qui on avait promis davantage d'espace n'ont jamais vu l'ombre de ces wagons. L'AMT a dû annuler l'appel d'offres, faute de financement. Un an plus tard, l'inauguration de la ligne Mascouche, qui a coûté près de 700 millions de dollars, soit 400 de plus que prévu, leur laisse un goût amer. «On peut se poser des questions sur la gestion de ce projet-là», a avancé Francis Vanier, qui dénonce par ailleurs des tarifs qui «montent» chaque année, sans que l'offre de service n'augmente à son tour.

«Je suis très sensible aux demandes et aux commentaires de nos clients, a assuré Nicolas Girard, président de l'AMT, quand on lui a parlé des doléances des usagers. Cependant, l'AMT ne peut pas dépenser de l'argent qu'elle n'a pas», a-t-il tranché. L'AMT, assure M. Girard, dispose d'un plan en cinq étapes pour améliorer le service. Mais il ne se concrétisera pas tant que ses finances ne seront pas redressées.

Ajouter une station?

Le député de Deux-Montagnes, Benoit Charrette, reçoit des plaintes à propos de la ligne de train toutes les semaines. Selon lui, la solution est simple: elle consiste à ajouter une station en utilisant un terrain que la ville voisine de Saint-Eustache n'utilise pas et qu'elle est prête à céder. «Si on avait mieux contrôlé les dépenses pour le train de l'Est, on aurait pu avoir une nouvelle station avec un stationnement incitatif et un accès pour les personnes à mobilité réduite», a-t-il affirmé sans détour. Or l'AMT, selon lui, craint les coûts de développement de cette nouvelle station.

Et elle ne semble pas prête à renoncer aux stationnements payants, en place depuis le lancement d'un projet-pilote, en juin. «C'était une demande du public, a affirmé Nicolas Girard. Des gens qui commencent leur journée de travail plus tard, par exemple, en ont exigé afin de ne plus se buter à des stationnements remplis», a-t-il expliqué. Les 200 places payantes de la gare de Deux-Montagnes ont toutes été vendues. «Et nous avons une liste d'attente de 200 personnes», a-t-il attesté.