L'industrie du taxi à Montréal s'apprête à exiger de ses chauffeurs une contribution mensuelle visant officiellement à «lutter contre le transport illégal», mais officieusement à contrer l'entreprise de transport Uber.

Mise en service depuis plus d'un an à Montréal, l'application Uber Taxi permet d'appeler un taxi sans passer par un répartiteur, tandis qu'avec le service UberX, n'importe quel automobiliste peut utiliser son véhicule pour offrir des courses.

À compter du 1er décembre, les propriétaires de taxis montréalais devront payer 5$ par mois par voiture, afin d'alimenter un fonds géré par le Comité provincial de concertation et de développement de l'industrie du taxi. Après deux mois, cette contribution sera réduite à 2$ par mois.

Le Comité compte utiliser l'argent récolté auprès des quelque 3000 propriétaires de taxi de Montréal pour «informer et sensibiliser la population aux dangers du transport illégal», a expliqué Dory Saliba, qui en préside la section montréalaise. L'initiative devrait être appliquée à l'ensemble de la province sous peu. «Nous le faisons pour la sécurité de la clientèle, car plusieurs personnes se proclament chauffeurs de taxi et transportent des clients sans assurance, sans encadrement», a dénoncé M. Saliba, sans vouloir admettre que le fonds vise directement à lutter contre Uber.

Note interne

Or une note interne obtenue par La Presse indique clairement que «l'infiltration d'Uber au sein de l'industrie du taxi» motive l'implantation de cette contribution, qui vise à «contrer Uber».

Seules quelques firmes de taxi ont déjà avisé leurs membres de l'entrée en vigueur de cette cotisation. C'est La Presse qui a appris la nouvelle à Stanley Bastien, propriétaire de taxi et figure bien connue du milieu. «Les chauffeurs ne seront pas d'accord, car nous n'y avons pas adhéré», a-t-il prédit. «Je ne crois pas que ce soit la manière de faire. La loi est claire: les seules personnes qui peuvent transporter des gens en échange d'une contribution, ce sont des chauffeurs de taxi», a-t-il rappelé. 

Selon lui, l'application pure et simple de la Loi concernant les services de transport par taxi réglerait le problème. «Une fois qu'on aura attrapé trois ou quatre personnes et infligé des amendes sévères, le lendemain matin, ça va être fini», a-t-il affirmé à propos d'Uber.