La Société de transport de Montréal (STM) a examiné la situation sous toutes les coutures avant de trancher. En raison de ses difficultés financières, les vieilles voitures MR-73 qui desservent les lignes orange et bleue ne seront pas remplacées avant une vingtaine d'années. La durée de vie utile de ces wagons sera ainsi prolongée de 40... à 60 ans.

Selon les projections budgétaires de la STM, cette décision de commencer à remplacer les voitures en 2036 au lieu de 2016 permettra de réaliser des économies de près de 500 millions. Le nouveau scénario sera présenté la semaine prochaine à la Ville de Montréal sous forme de PTI (Programme triennal d'immobilisations 2015-2017) et fera forcément l'objet de discussions avec le gouvernement du Québec.

En point de presse, le directeur général de la STM, Carl Desrosiers, a affirmé que la société n'a pas «les moyens de tout faire et qu'il faut faire des choix». Il a ensuite longuement expliqué à quel point la «fiabilité» des voitures MR-73 a pesé lourd dans cette décision.

«La fin de vie utile est théorique», a-t-il ajouté, en présentant les grandes lignes d'une étude de l'Imperial College de Londres de 2012 démontrant que des villes comme Hong Kong ou Santiago, au Chili, ont visé juste en conservant leurs vieilles voitures. Évidemment, afin d'y parvenir, des effectifs supplémentaires seront chargés de l'entretien des voitures.

Comme plan de rechange, la société a donc prévu 108,2 millions sur 20 ans dans un programme d'entretien majeur. Une enveloppe de 479,5 millions servirait à acheter 72 voitures de marque Azur - présentement à l'essai - en plus de l'acquisition de 468 voitures déjà prévues dans une commande effectuée en 2010.

«En théorie, je dis bien en théorie, il faudrait lancer un appel d'offres. Il y aura des discussions avec Québec, a précisé M. Desrosiers. Mais on a jusqu'en 2016 pour s'entendre.»

Musée roulant

Interrogé au sujet de l'état des 758 voitures qui parcourent le réseau souterrain de Montréal, Philippe Schnobb, président du conseil d'administration de la STM, a dit qu'il ne faut surtout pas parler d'un «musée roulant» et a assuré aux usagers qu'ils continueront de se rendre du point A au point B en toute sécurité. Les 423 MR-73 qui sillonnent le réseau souterrain de Montréal ont été construites par Bombardier de 1976 à 1980. Les MR-63 ont quant à elles été mises en service en 1966.

Selon l'analyse de la société, ces voitures sont à l'origine d'à peine 13% des pannes, en 2014, ce qui équivaut à environ 2,5 pannes par million de km/voiture. Ce qui est nettement au-dessus de la norme internationale, qui veut qu'une voiture soit jugée «fiable» en deçà de 7 pannes par million de kilomètres parcourus.

Cette décision permettra d'alléger le budget de 20 millions par année durant près de 20 ans.

Bombardier prudent

Le consortium Bombardier-Alstom, qui construit présentement à son usine de La Pocatière les voitures qui remplaceront les vieilles MR-63, espérait remporter le contrat pour le remplacement des voitures MR-73. L'attribution de ce contrat est maintenant reportée d'une vingtaine d'années. Le porte-parole de Bombardier Transport, Marc Laforge, s'est montré prudent. «Il va falloir prendre un petit peu plus de temps pour comprendre quelles sont les intentions de la STM, a-t-il déclaré. Leurs besoins ont évolué.» Il a toutefois noté qu'en attendant le remplacement des MR-73, la STM voulait acquérir 72 voitures additionnelles, possiblement 135. Bombardier-Alstom pourrait remplir cette commande. En outre, Bombardier fait de la remise à neuf de matériel roulant. L'entreprise pourrait donc réaliser le programme d'entretien majeur visant à prolonger la vie utile des MR-73, un contrat évalué à 108 millions de dollars.

- Marie Tison