Retardé depuis trois ans, un chantier pour réparer une canalisation d'égout vieille de près de 150 ans au centre-ville coûtera deux fois plus cher que prévu. Malgré le prix élevé, la Ville de Montréal juge urgent de mener ces travaux en raison de la dangereuse détérioration de cette infrastructure.

En 2009, l'inspection télévisée d'une canalisation d'égout sous la rue Saint-Timothée, entre le boulevard René-Lévesque et la rue Sainte-Catherine, a révélé d'importants problèmes. «La conduite en brique, installée en 1870, présente des déformations importantes ainsi que d'importantes fractures», peut-on lire dans un document présenté aux élus. Plusieurs trous ont été observés, ce qui entraîne de nombreuses fuites d'eau.

Jugé prioritaire, ce chantier visant à refaire un peu plus de 200 mètres de rue devait s'amorcer en septembre 2011. La Ville a toutefois tardé à accorder le contrat de 1,1 million à l'entreprise ayant remporté l'appel d'offres, Précision 2000, si bien que les travaux ne pouvaient démarrer avant la mi-octobre. Or, amorcer le chantier aussi tardivement dans la saison aurait imposé des travaux hivernaux - donc plus onéreux -, si bien qu'il a été décidé de reporter le tout en 2012.

Un litige a toutefois éclaté avec l'entrepreneur qui a demandé une majoration du montant du contrat pour couvrir l'augmentation des coûts des matériaux et de la main-d'oeuvre. Celui-ci réclamait 269 000$, mais Montréal offrait 31 000$. Le dossier s'est finalement réglé lors d'une entente à l'amiable en vertu de laquelle Montréal a versé 5000$ à l'entrepreneur pour ensuite résilier le contrat, en mars dernier, sans qu'aucun travail ait été réalisé.

Second contrat

Les élus de Montréal s'apprêtent maintenant à voter l'octroi d'un second contrat. C'est le Groupe Vespo qui a remporté le nouvel appel d'offres, proposant de faire le travail pour une somme totale de 2,4 millions, soit le double du premier contrat.

Depuis le premier appel d'offres, Montréal dit avoir revu ses plans, notamment pour davantage tenir compte de la forte présence de «massifs d'utilités publiques» sous Saint-Timothée. La Ville dit avoir découvert la présence de plusieurs de ces blocs de béton aménagés dans le sol pour protéger les conduits d'entreprises comme Bell Canada ou Gaz Métro. Leur présence aurait pu entraîner d'importants dépassements de coût si le premier contrat avait été exécuté. «Une fluctuation possible des prix du marché» pourrait aussi expliquer la hausse, explique-t-on.

Reste que la somme du nouveau contrat est de 20% supérieure à la plus récente estimation faite par la Ville. «Malgré cet écart défavorable, la Direction des infrastructures recommande l'octroi du contrat étant donné la détérioration importante des actifs, constatée depuis 2009», peut-on lire dans un document remis aux élus.

Début espéré des travaux

Montréal dit maintenant vouloir aller rapidement de l'avant avec le chantier, souhaitant accorder le contrat avant le 25 septembre. Pour y arriver, les élus devront entériner le contrat lors du prochain conseil d'agglomération, prévu le 18 septembre.

La métropole espère ainsi voir les travaux débuter en octobre afin de prendre fin d'ici juin 2015, soit avant le début de la prochaine saison estivale pendant laquelle la rue Sainte-Catherine sera à nouveau piétonnisée.

Un commerçant du secteur s'est à tout le moins dit rassuré d'apprendre que les travaux n'auront pas lieu durant la saison estivale. Rappelons que durant cette période, la rue Sainte-Catherine est fermée à la circulation, seuls les piétons y ayant accès.

À noter, une partie de la facture de ce chantier sera payée grâce à une subvention du Programme de la taxe sur l'essence et de la contribution du Québec. Montréal évalue qu'elle recevra 1,8 million pour couvrir les coûts de ces travaux.

En dates

2009: Découverte de trous dans la canalisation d'égout sous Saint-Timothée, entre René-Lévesque et Sainte-Catherine

Septembre 2011: Octroi d'un premier contrat, pour 1,1 million, pour refaire 200 mètres de rue

2012: Litige entre la Ville de Montréal et l'entrepreneur en raison du report du chantier

Mars 2014: Le premier contrat est résilié

Septembre 2014: Octroi prévu du deuxième contrat, pour 2,4 millions

Juin 2015: Fin prévue des travaux