Le conflit sur les régimes de retraite des employés municipaux fait vivre un calvaire à un entrepreneur en nettoyage de Montréal.

Sébastien Pitre, président de Solutions Graffiti, se dit victime d'intimidation et de vandalisme de la part de certains cols bleus de l'île.

Depuis quelques semaines, l'administration Coderre a mandaté son entreprise pour qu'elle enlève les nombreux autocollants visibles sur plusieurs véhicules municipaux. Il estime en avoir nettoyé plus de 500 jusqu'à maintenant.

Mais voilà que certains de ses employés disent être victimes d'intimidation lorsqu'ils nettoient les camions. «L'un d'eux a même pleuré parce qu'il avait peur pour sa sécurité», lance le président, encore en colère, lors d'un entretien avec La Presse.

Francis, qui a préféré ne pas donner son nom de famille par crainte de représailles, a eu la peur de sa vie lorsqu'un col bleu s'est approché pour venir l'avertir. «Il m'a dit: "Si tu vois un véhicule arriver rapidement, sauve-toi, ils s'en viennent te sacrer une volée."»

Sébastien Pitre estime qu'à au moins quatre reprises, les cols bleus ont compromis la sécurité de ses employés. «Mon gars était en train de nettoyer le camion. Pendant le nettoyage, nous devons être très près du camion. C'est arrivé au moins quatre fois que les cols bleus ont démarré la voiture pour partir sans avertissement.»

Sa remorque vandalisée

L'entrepreneur a aussi eu toute une surprise lorsqu'il a constaté, hier matin, qu'une de ses remorques avait été vandalisée. «Ils ont défoncé les pneus, ils ont grafigné la remorque et ils ont collé leurs autocollants.» Même s'il n'a pas de preuve tangible, ça ne fait pas de doute, dans son esprit, que ce sabotage est l'affaire de «quelques cols bleus».

M. Pitre dénonce l'acte de vandalisme et déplore d'être pris à partie par des syndiqués. «Je suis un entrepreneur en lavage à pression. Je trouve ça vraiment plate. C'est juste vraiment niaiseux», ajoutant qu'il souhaite seulement «faire son travail» et ne pas se mêler du conflit entourant le projet de loi sur les régimes de retraite.

Les syndiqués condamnent le geste

La Presse a tenté de joindre le syndicat des cols bleus de Montréal, qui nous a référé à la Coalition syndicale pour la libre négociation.

Le président Marc Ranger, qui représente les cols bleus dans leur lutte contre le projet de loi 3 sur les régimes de retraite, a tenu à dénoncer «ce geste d'intimidation». Il explique que la Coalition n'encourage pas ce genre d'actions. Il invite même d'autres sous-traitants qui seraient victimes d'intimidation à signifier les délits. Les cols bleus de Montréal entendent par ailleurs enquêter pour trouver les coupables dans cette histoire.

Mise en demeure

Comme si ce n'était pas assez, l'entrepreneur a reçu de l'Association des pompiers de Montréal une mise en demeure que La Presse a obtenue. Dans la lettre, le syndicat accuse l'entreprise de nettoyage de laver les autocollants sur les véhicules municipaux et d'ainsi obliger les pompiers à assumer des coûts supplémentaires pour remplacer les autocollants détruits. Le syndicat dit tenir Sébastien Pitre et son entreprise «responsables de tous les coûts supplémentaires afférents visant à retirer le matériel distribué à ses membres». Il conclut en demandant à M. Pitre de «gouverner en conséquence».

La mise en demeure surprend l'entrepreneur, puisqu'il indique n'avoir jamais lavé aucun camion appartenant aux pompiers. «Au meilleur de ma connaissance, je n'ai lavé que des camions de cols bleus.»

La Presse a tenté en vain d'obtenir des commentaires du syndicat des pompiers de Montréal.