Les policiers se réuniront aujourd'hui afin de préparer leur riposte au maire Denis Coderre, qui les a menacés de faire payer leur syndicat pour les heures supplémentaires occasionnées par l'absence d'une centaine d'agents, samedi.

Aux yeux du maire, il est clair que le congé de maladie qu'ont pris une centaine de policiers samedi n'est qu'un moyen de pression contre le projet de loi sur les régimes de retraite.

«C'est un manque flagrant du sens des responsabilités, a-t-il déclaré. Ceux qui ont utilisé une journée de maladie vont la perdre, et ce ne sont pas les Montréalais qui paieront pour les heures supplémentaires occasionnées. Ce sera le syndicat.»

Dimanche après-midi, la Fraternité des policiers et policières de Montréal, qui nie avoir agi de façon concertée, n'avait toujours pas reçu d'avis officiel concernant ces possibles sanctions.

«Peut-être qu'on va recevoir une lettre [aujourd'hui], on verra. En attendant, on se réunit pour faire le bilan de ce qu'il s'est passé ce week-end et décider de la suite», a expliqué Éric Normandeau, porte-parole de la Fraternité.

M. Normandeau ajoute que la perspective de sanctions n'effraie pas les policiers: «Ce n'est pas leur préoccupation principale. Perdre une journée de salaire, c'est sans commune mesure avec le coup de massue qui s'en vient si le projet de loi [sur les régimes de retraite] est adopté.»

Selon Danielle Pilette, professeure associée à l'Université du Québec à Montréal et spécialiste de gestion municipale, le maire pourrait avoir du mal à prouver qu'il y a bel et bien eu concertation. Et même si tel était le cas, encore faudrait-il prouver que l'opération a été orchestrée par la Fraternité, a-t-il expliqué

«Le maire a l'habitude des déclarations intempestives, a-t-elle affirmé. Sa réaction est celle qu'il trouve appropriée face aux contribuables, mais ce n'est pas sûr qu'il va appliquer ces sanctions. C'est de bonne guerre.»

Carré rouge

En plus de porter des pantalons à motif camouflage comme moyen de pression, les policiers ont appliqué sur les voitures de patrouille de nombreux autocollants dénonçant le projet de loi et exigeant une «libre négociation». Un de leurs autocollants est un carré rouge, et plusieurs personnes ont souligné, sur les réseaux sociaux, l'ironie de l'utilisation de ce symbole de la crise étudiante de 2012.

«Il y a des carrés rouges, d'autres bleus, des cercles ou des rectangles dans nos autocollants, a répliqué M. Normandeau. Il n'y a aucune allusion, aucun clin d'oeil au carré rouge des étudiants.»