Le président de la Société de transport de Montréal (STM), Philippe Schnobb, va mandater la vérificatrice générale de la STM pour qu'elle se penche sur un contrat de caméras de surveillance de 3,15 millions de dollars attribué au quatrième soumissionnaire après la disqualification de tous ses concurrents, il y a deux semaines.

M. Schnobb a joint La Presse en début de soirée, hier, afin d'apporter des précisions sur cette histoire, après avoir été informé d'un article en préparation relatif à ce contrat de fourniture et d'installation de 373 caméras de surveillance, où quatre soumissions sur cinq ont été jugées non conformes. Invoquant des secrets d'entreprise, la STM refuse d'indiquer pour quelles raisons ces quatre soumissionnaires ont été éliminés.

Selon l'information colligée par La Presse, l'entreprise GMS Technologies, de Dorval, a obtenu le contrat, même si sa soumission était seulement au quatrième rang en ce qui concerne le prix sur les cinq propositions reçues.

Le contrat pour ces «systèmes de vidéosurveillance pour autobus urbain» a été attribué à GMS Technologies pour 3,15 millions (taxes incluses) et a été entériné il y a 12 jours par le conseil d'administration de la STM.

Au moins deux des entreprises disqualifiées par la société de transport, pour des motifs inconnus, avaient soumis des offres presque deux fois moins élevées que la soumission retenue, soit environ 1,6 million.

«Avant de l'entériner, le conseil d'administration a posé plusieurs questions sur ce contrat, a assuré M. Schnobb, hier, au cours d'un entretien avec La Presse. Nous avons obtenu des réponses que nous avons jugées satisfaisantes, mais qu'il nous est impossible de répéter» en raison de clauses contractuelles qui empêchent la divulgation d'information sur les produits commerciaux soumis.

Les quatre entreprises jugées non conformes par la STM sont iMotion Sécurité, de Montréal, Solotech, établie à Candiac, Vision Systems, une entreprise française, et March Networks, d'Ottawa. Ces quatre entreprises sont spécialisées en vidéosurveillance, et au moins trois d'entre elles commercialisent des systèmes de caméra pour les autobus urbains.

Les trois premières ont présenté des soumissions plus basses que GMS Technologies.

Un des soumissionnaires, la firme iMotion Sécurité de Montréal, qui avait présenté la soumission la moins chère à 1 596 850$, s'est aussi fait refuser toute explication quant à la «non-conformité» de sa soumission.

Dans l'inconnu

En entrevue à La Presse, le président d'iMotion Sécurité, Frédéric Abenaim, affirme qu'il a communiqué avec la STM dès qu'il a su que le contrat avait été attribué à GMS, afin de savoir pourquoi sa soumission - la plus basse - avait été écartée.

Une personne-ressource pour ce contrat lui a alors indiqué qu'elle ne pouvait pas lui répondre, mais elle a promis de lui envoyer un lien internet pour qu'il fasse une demande en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, ce qu'elle n'a finalement jamais fait.

La firme a elle-même trouvé ce lien et a adressé une demande de renseignements pour connaître les motifs de sa disqualification. La demande est en traitement.

L'appel d'offres lancé en mai dernier prévoit l'installation de systèmes de vidéosurveillance dans 373 bus de la STM, soit 20% du parc environ. Selon Odile Paradis, porte-parole de la STM, «17 entreprises se sont procuré les documents d'appel d'offres, et cinq d'entre elles ont déposé une offre».