Ça n'était qu'une photo floue montrant un policier dans sa voiture avec une jeune femme dans une position équivoque. Mais le SPVM a pris la chose au sérieux à un point tel qu'une enquête interne très poussée, avec renforts de moyens scientifiques, a été mise en branle pour comprendre ce qui s'était passé ce soir-là. Enquête qui est pratiquement close.

«L'enquête confirme qu'aucun acte criminel n'a été commis par les policiers. Mais il reste le volet disciplinaire. Nous maintenons que leur comportement, en laissant les jeunes femmes entrer dans leur véhicule, est inadéquat. Ils risquent des jours de suspension», affirme le commandant Ian Lafrenière.

La photo a été publiée sur Facebook à la fin mai, et elle est devenue virale en un rien de temps. On y voit une femme blonde assise tout près d'un policier, voire sur lui, sur le siège passager d'une voiture du SPVM.

L'image a été croquée un lundi soir sur le boulevard Saint-Laurent près de la rue Sainte-Catherine. La personne qui a pris la photo a ensuite filmé la jeune femme sortant de la voiture et discutant avec le policier quelques instants. On aperçoit alors une deuxième jeune femme, aux cheveux bruns, qui sort de la voiture de patrouille par la porte arrière, où elle était assise avec un autre policier.

Celle qui dit avoir pris la photo jurait alors que la femme blonde était nue dans la voiture, et qu'elle croyait avoir observé une relation sexuelle. Elle jurait en outre que les policiers avaient laissé les deux jeunes femmes conduire leur voiture et les avaient raccompagnées, pendant leur quart de travail, dans un logement où ils auraient eu des relations sexuelles.

Chose démentie par la jeune femme blonde que l'on voit sur la photo, et qui avait accordé une entrevue en exclusivité à La Presse dans les jours suivants.

Elle a raconté que ce soir-là, elle sortait d'un bar avec son amie de 17 ans.

«On est sortie dehors vers 23h et on a marché vers le stationnement. On était fatiguées, on avait mal aux pieds avec nos talons hauts, et on avait un peu bu», a-t-elle raconté.

Puis elles ont aperçu les policiers dans leur véhicule.

«Il y en a un qui était sur le siège passager, la porte ouverte. Je me suis approchée de lui, je me suis assise à côté de lui sur le petit bout de siège libre. Il m'a laissé faire. Un gars, c'est un gars. On était pas mal collés, mais je n'ai jamais été sur lui», jurait-elle alors. Son amie mineure était assise sur la banquette arrière avec le second policier. Il ne s'est rien passé entre eux non plus, dit-elle. Les policiers ont fini par avoir un appel d'urgence et ont quitté.

La direction du SPVM, embarrassée, a déclenché une enquête interne. Selon nos sources, aucun moyen d'enquête, scientifique ou technologique, n'a été mis de côté pour faire la lumière sur cette affaire. On en est venu à la conclusion qu'il n'y a eu aucune relation sexuelle dans la voiture du SPVM, et que la femme blonde n'était pas nue, mais portait plutôt un vêtement ne couvrant pas les épaules, donnant l'impression de nudité vu l'angle de la photo. De nombreux témoins ont été rencontrés, permettant de confirmer que les policiers n'ont pas laissé les jeunes femmes conduire et ont bien répondu à un appel d'urgence quand ils les ont quittées.

La jeune femme qui a diffusé la photo a toutefois refusé de rencontrer les enquêteurs.

Le SPVM reconnaît cependant que sa photo est authentique, mais des sources se demandent pourquoi celle qui l'a publiée a ajouté tant de détails apparemment faux.

Les deux agents ont été affectés à des tâches ne les mettant pas en contact avec le public pendant la durée de l'enquête.