À l'heure où Montréal doit retaper de façon urgente ses infrastructures vieillissantes, le vérificateur général s'inquiète du manque de contrôle sur la qualité des matériaux utilisés dans les chantiers.

«Dans un contexte où on est envahi de chantiers, de cônes orange, la qualité des travaux prend toute son importance», a indiqué Jacques Bergeron. Or, dans son rapport annuel 2013, le vérificateur général a estimé que la Ville exerce un faible contrôle de la qualité.

Les vérifications ont permis de constater que 95% du contrôle de la qualité est effectué par des laboratoires privés, et non directement par la métropole. «Ce mode de fonctionnement augmente le risque inhérent», peut-on lire dans le rapport. D'ailleurs, le vérificateur a constaté que plusieurs prélèvements qui devaient être effectués ne l'ont jamais été.

«Les matériaux utilisés pourraient ne pas correspondre aux exigences de la Ville. L'entrepreneur pourrait utiliser des matériaux de qualité moindre, ce qui accroît la possibilité de dégradation rapide», a indiqué Jacques Bergeron.

Faibles pénalités

D'ailleurs, des prélèvements réalisés sur 101 projets menés de 2010 à 2012 permettent de constater que les deux tiers d'entre eux ne correspondaient pas aux exigences de la Ville.

En poussant plus loin ses recherches, le vérificateur a aussi constaté que les pénalités imposées aux entrepreneurs sont souvent faibles lorsque leurs matériaux ne satisfont pas les critères de la Ville. Il y voit une «tolérance excessive envers les entrepreneurs».

Sur 11 projets analysés, le vérificateur calcule que la Ville aurait dû imposer des pénalités de 247 000$ en raison des problèmes de conformité des matériaux utilisés. Or, Montréal n'a réclamé que 109 000$, soit moins de la moitié. «Cela ne constitue pas une mesure dissuasive pour les entrepreneurs concernés», souligne le vérificateur.

Autres lacunes

Parmi les autres trouvailles de son rapport 2013, le vérificateur a constaté que la vaste majorité des ruptures de canalisations recensées en 2012 sont survenues sur des conduites qui n'avaient pas été considérées comme prioritaires. Il en vient à s'interroger, dans son rapport, sur la précision des données visant à cibler les canalisations qui doivent être retapées de façon urgente. «Est-ce que le plan d'intervention vise juste? Intervient-on vraiment sur les conduites prioritaires?», se questionne Jacques Bergeron.

Le vérificateur a aussi relevé que plusieurs tours de refroidissement à l'eau ne faisaient pas l'objet d'un programme d'entretien. Cette constatation survient pourtant après l'éclosion, à l'été 2012, de cas de légionellose à Québec.