L'année 2013 a été dure pour le moral à la Ville de Montréal. Ébranlés par les enquêtes policières sur la métropole et les travaux de la commission Charbonneau, les fonctionnaires municipaux ont été 30% plus nombreux à faire appel au Programme d'aide aux employés (PAE).

L'an dernier, 2101 employés ont eu recours à ce service, contre 1619 en 2012. Les sombres nuages qui planaient sur la métropole l'an dernier ne sont pas étrangers à cette forte augmentation.

Le bilan 2013 du Programme d'aide aux employés souligne d'ailleurs que ses services ont servi à «soutenir un bon nombre d'employés touchés par différents changements administratifs et par des événements majeurs comme la commission Charbonneau et certaines enquêtes policières très ciblées».

Plusieurs employés de la Ville se rappellent encore le choc provoqué par l'irruption en février 2013 des agents de l'Unité permanente anticorruption à l'hôtel de ville et dans six bureaux d'arrondissements. L'arrestation en juin du maire Michael Applebaum avait aussi semé l'émoi au sein du personnel. En parallèle, les travaux de la commission Charbonneau se sont concentrés sur les activités de la Ville de Montréal jusqu'en mai 2013, révélant l'étendue de la collusion.

Signe des turbulences vécues à la Ville en 2013, le rapport indique que les demandes d'aide pour des «problèmes légaux» ont bondi du tiers. En 2012, 278 ont consulté pour cette raison spécifique, contre 368 l'an dernier.

Interventions post-traumatiques

En plus des employés ayant fait appel au programme, la firme Morneau Shepell - qui offre ce service - dit avoir mené l'an dernier 23 interventions «post-traumatiques» auprès d'équipes de travail de la Ville, contre 14 en 2012. Deux de ces interventions ont eu lieu auprès des employés de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, particulièrement ébranlés par l'attention policière et médiatique dont ils ont fait l'objet l'an dernier.

Soulignons qu'avant d'être choisi maire par intérim de Montréal, Michael Applebaum avait dirigé cet arrondissement depuis les fusions en 2002. Un employé de l'arrondissement s'est également suicidé en mars 2013 après avoir été interrogé par les policiers.

Les données du bilan 2013 du programme permettent d'ailleurs de constater que ce sont les employés de Côte-des-Neiges-Notre-Dame- de-Grâce qui ont formulé le plus de demandes d'aide au sein des arrondissements.

Rebâtir la confiance

Le président du comité exécutif, Pierre Desrochers, affirme que la Ville est à rebâtir un «climat de confiance». «Je pense que les employés de la Ville, depuis quelques années, sont sous un stress important. Ils ont vécu ça difficilement et j'espère qu'aujourd'hui, avec notre nouvelle administration, il y a un souffle nouveau qui fera que les gens soient plus aptes à travailler en confiance et à se sentir moins stressés.»

L'élu se félicite de savoir que la Ville dispose d'un programme d'aide aux employés. «Je suis content que les employés aient des outils pour consulter, pour les aider à passer à travers ces périodes-là.» Les ressources humaines de la Ville semblent d'ailleurs avoir joué un rôle important dans l'augmentation de l'utilisation du PAE en 2013. Ceux-ci ont référé 16% des cas, contre 6% en 2012.