Inquiète de voir le gouvernement libéral et certains gens d'affaires remettre en question le projet de système léger sur rail (SLR) sur le nouveau pont Champlain, l'opposition officielle à l'hôtel de ville de Montréal va proposer lundi une motion d'urgence pour que tous les élus montréalais montent à la défense de ce mode de transport, qui est le seul acceptable à ses yeux.

«Il y a des exigences minimales pour une métropole du XXIe siècle», a martelé le chef de l'opposition, Richard Bergeron, en point de presse dimanche.

«L'option du SLR est la seule possible», insiste-t-il.

La Presse a dévoilé la semaine dernière les résultats d'une étude réalisée par la firme AECOM pour l'AMT, selon laquelle seul un système sur rail permettrait de répondre à la demande prévue de transport en commun dans le corridor le long de l'autoroute 10, sur la Rive-Sud, jusqu'au centre-ville, à partir de 2021.

L'autre option étudiée, un système rapide par bus, coûterait à lui seul plus de 1 milliard de dollars, soit presque autant qu'un SLR, et amènerait un «mur» de centaines d'autobus qui viendraient congestionner le centre-ville chaque jour, selon l'étude.

Des coûts sous-estimés, selon le ministre

Le ministre des Transports Robert Poëti a vivement réagi à la publication de cette étude, qui sous-estime «complètement» le coût d'un SLR, selon lui. M. Poëti croit qu'un SLR coûterait plus de 2 milliards et engendrerait des coûts d'exploitation beaucoup plus élevés que le bus. Le ministre remet ouvertement en question la décision du gouvernement Marois d'opter pour un système sur rails sur le nouveau pont. Il n'a pas encore annoncé sa décision finale.

«Il y a une cabale depuis une couple de mois, que j'ai vu poindre de diverses manières, qui vient remettre en question le SLR. C'est malheureux», déplore Richard Bergeron. Il dit constater que le ministre se range aux arguments de certains représentants du monde des affaires qui craignent les investissements publics trop importants. M. Bergeron dit avoir constaté beaucoup de méfiance envers le SLR dans des activités de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

«Que les milieux d'affaires nous disent qu'on est trop pauvres comme société pour payer ce projet, je n'accepte pas ça!» dit-il.

600 à 1000 passagers par train

M. Bergeron, qui a lui-même travaillé à l'AMT comme expert en transports, affirme que l'investissement initial plus élevé dans le SLR serait compensé par des coûts d'exploitation moindre pendant les décennies à venir. «Le salaire des chauffeurs est la principale dépense dans le transport en commun. Un chauffeur d'autobus transporte entre 80 et 110 passagers, tandis qu'un chauffeur de SLR transportera entre 600 et 1000 passagers. Cela suffit à expliquer pourquoi le SLR sera plus économique à opérer que des autobus», dit-il.

M. Bergeron croit que si tous les élus de l'hôtel de ville appuient unanimement le SLR, Québec n'aura pas le choix d'en tenir compte. «On a un maire qui a bien fait sa marque et un chef de l'opposition très opiniâtre. Et en plus, ils font équipe», souligne-t-il.

Photo Hugo-Sebastien Aubert, La Presse

Richard Bergeron

Image fournie par le MTQ