La mort d'une cycliste de 33 ans lundi matin sous un viaduc de la rue Saint-Denis, dans le quartier Rosemont, a mené à un engagement ferme de l'administration Coderre de mieux encadrer la pratique du vélo dans la métropole.

«C'est un mort de trop, a déclaré le maire lors du conseil municipal, lundi soir. La question de la sécurité et de la cohabitation demande un éternel renouvellement [...]. On peut regarder pour la réorganisation du code routier [...] et pour l'avenir, [il faut] se donner des outils nécessaires pour assurer la sécurité de tous.»

Mardi, l'équipe du maire votera pour deux motions déposées par Projet Montréal. L'une d'elles exige la révision du Code de la sécurité routière et de la Loi sur l'assurance automobile. L'autre concerne la création d'un inventaire des intersections dangereuses et le réaménagement de celles-ci pour favoriser la cohabitation des automobilistes, piétons et cyclistes.

C'est le triste sort d'une femme qui roulait en BIXI qui a mené à cette décision. La cycliste, qui n'a toujours pas été identifiée, circulait sous un viaduc quand un camion-grue l'a heurtée. La configuration du passage - étroit et sans secteur destiné aux cyclistes - a provoqué une levée de boucliers.

«Aujourd'hui, on a un constat d'échec collectif. On n'est pas allés assez vite», a déploré le maire de l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal, Luc Ferrandez. Son parti, Projet Montréal, a exigé que des mesures temporaires permettant aux cyclistes de «circuler de façon sécuritaire sur les trottoirs» soient mises en place. «[Il faut] que les policiers soient tolérants et qu'ils n'appliquent pas le Code de la sécurité routière systématiquement», a demandé le maire de Rosemont-La Petite-Patrie, François Croteau, lui aussi membre de Projet Montréal.

En vertu de ce code, un cycliste qui circule sur un trottoir s'expose à une amende de 37$. «Les cyclistes devraient utiliser la rue», a rappelé le porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Daniel Lacoursière. «Mais c'est certain que si un cycliste croit ne pas pouvoir le faire en raison de la sécurité, il doit descendre de son vélo et marcher sur le trottoir», a-t-il ensuite suggéré.

Encore six viaducs à sécuriser

Quatre viaducs (Masson, Christophe-Colomb, Saint-Urbain et Saint-Laurent) qui enjambent la voie ferrée du Canadien Pacifique, en plein coeur de Montréal, sont actuellement sécurisés ou en voie de l'être. Mais six autres passages sont encore dangereux, estime Projet Montréal. Le viaduc Saint-Denis, où a eu lieu l'accident mortel, fait partie du lot, comme ceux des secteurs Saint-Joseph, De Lorimier, Papineau, Parc et D'Iberville, par ailleurs surnommé le «tunnel de la mort» par les cyclistes.

«C'est absolument prioritaire d'intervenir rapidement», a lancé François Croteau, avant de blâmer l'administration municipale pour la lenteur de ce type de dossier. L'épreuve du temps lui donnera peut-être raison: la construction de passages piétonniers au-dessus de ce chemin de fer est réclamée à l'hôtel de ville depuis plus de 20 ans.

Chez Vélo Québec, on considère que l'accident mortel illustre une situation dénoncée depuis des années. «On peut avoir des façons, avec la signalisation, avec le marquage au sol, de partager le trottoir avec les piétons», suggère Jean-François Pronovost, vice-président, développement et affaires publiques chez Vélo Québec. «Ou [on peut partager] la chaussée avec des bandes cyclables, un marquage coloré ou prononcé, qui permet de franchir ces endroits qui ne sont pas très agréables et parfois dangereux.»

- Avec Karim Benessaieh

Photo: Patrick Sanfaçon, La Presse

Le viaduc où a eu lieu l'accident mortel, rue Saint-Denis, fait partie des six passages considérés comme dangereux pour les cyclistes à Montréal.