Plusieurs milliers de personnes ont envahi les rues du centre-ville de Montréal pour manifester contre les mesures d'austérité de l'actuel gouvernement, de celles du gouvernement précédent et de celui qui sera élu le 7 avril. Aucun itinéraire n'a été divulgué et avant même que le cortège ne se mette en branle, la manifestation a été déclarée illégale.

Seulement quatre personnes avaient été arrêtées - avant la signification de l'avis de dispersion vers 17h00 - en vertu de diverses infractions au Code criminel, dont la nature n'a pas été précisée par le SPVM. Un bilan policier faisait état jeudi soir d'un total de six arrestations, toutes pour des actes criminels.

Lors de la manifestation, on pouvait entendre des slogans répétés lors de rassemblements semblables au printemps 2012. D'autres chants s'en prenaient au gouvernement Marois ou aux forces de l'ordre.

L'Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) avait donné rendez-vous aux étudiants, mais aussi aux travailleurs et aux familles à la Place Émilie-Gamelin à Montréal (métro Berri-UQAM) à 14 heures. 

Les manifestants se sont ensuite dirigés vers l'ouest sur Sherbrooke. Vers 16h30, ils marchaient en sens inverse de la circulation sur la rue Saint-Urbain, au beau milieu des voitures. La foule commençait toutefois à se disperser. Des affrontements ont débuté vers 17h lorsque des manifestants ont lancé des projectiles dans la direction des policiers. Ces derniers ont répliqué avec des gaz lacrymogènes et bombes assourdissantes. Certains manifestants auraient reçu des projectiles.

Le cortège s'est arrêté quelques minutes devant l'immeuble de Québecor, près du square Victoria, notamment pour dénoncer la présence de son actionnaire de contrôle Pierre Karl Péladeau au sein de l'équipe du Parti québécois.

L'ASSÉ, qui milite pour des mesures de rechange aux mesures d'austérité, propose notamment le rétablissement des 10 paliers d'imposition pour répartir la richesse.

«Nous demandons que les riches fassent leur juste part, a souligné le porte-parole de l'ASSÉ, Justin Arcand. Il y en a de l'argent, on demande d'aller la chercher où il y en a.»

Sans prendre position dans la campagne électorale et sans vouloir accorder son appui à une formation politique ou une autre, l'ASSÉ affirme que d'autres moyens existent afin de répartir la richesse de manière équitable.

«Les élections, c'est une manière de faire de la politique, a dit M. Arcand. Nous (...) ce qui est important, c'est de s'occuper de la politique à tous les jours. C'est de faire des manifestations, des actions de perturbation et (...) discuter des différents enjeux.»

Bien que le rassemblement se soit déroulé lors de la dernière semaine de la campagne électorale, le porte-parole étudiant a expliqué qu'il était prévu depuis la dernière session d'automne.

La manifestation s'est déroulée sans les deux autres grandes associations étudiantes, la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) ainsi que la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ).

Le porte-parole anglophone de l'ASSÉ, Benjamin Gingras, n'a pas raté l'occasion de critiquer l'ex-présidente de la FEUQ Martine Desjardins, qui tente de se faire élire dans la circonscription de Groulx sous la bannière péquiste.

«C'est absurde et incompréhensible de la voir se présenter pour le PQ, un parti qui a fait grimper les tarifs d'électricité ainsi que les droits de scolarité, a-t-il dit. Elle fait complètement le contraire (de ce qu'elle faisait) il y a deux ans.»

Avec La Presse Canadienne