Denis Coderre se dit «pugnace» plutôt qu'intempestif. Depuis son élection, le 3 novembre dernier, il estime avoir rendu Montréal «plus incontournable». Il est fier d'avoir réussi à convaincre Québec de déposer deux projets de loi. Mais plus encore, il assure être resté un «politicien de proximité», sa marque de commerce. En entrevue à La Presse, le maire Coderre a tracé le bilan de ses 100 premiers jours depuis sa prestation de serment.

Vous disiez en campagne électorale que vous vouliez que Montréal redevienne incontournable. Cent jours, ce n'est pas beaucoup, on vous le concède, mais est-ce que Montréal est un peu plus incontournable qu'il ne l'était?

Montréal est plus incontournable. Pour reprendre une phrase de ma collègue Chantal Rouleau, le sourire est revenu sur les lèvres des employés. On a quand même des choses concrètes qu'on a mises de l'avant. On a eu quand même deux projets de loi dus à l'intervention de Montréal, l'inspecteur général et les régimes de retraite. On a pris des positions difficiles comme sur le BIXI.

Vous parliez de l'inspecteur général. On s'intéresse à votre style. Est-ce que ça ne démontre pas un peu à quel point vous êtes intempestif?

Pugnace. Robert Lafrenière à l'UPAC a été nommé, quatre mois plus tard, il y a eu la loi. Il y a eu un nouveau respect entre le gouvernement actuel et la métropole. On a décidé aussi de le présenter, ça démontrait la crédibilité. Non seulement il y avait le projet de loi, mais il y avait aussi l'individu. Vous avez vu la réaction, notamment du chef de l'opposition: c'est très positif.

Mais ce n'est pas le seul sujet. Vous allez un peu vite en affaires. On pense aux salons de massage: vous avez dit que c'était une priorité, que vous alliez vous y attaquer. Finalement, ce n'est plus dans les projets... Vous êtes allé un peu vite.

Non, pas du tout, ce n'est pas une question d'aller un peu vite. Habituez-vous à avoir quelqu'un qui prend des décisions et qui les assume. Les salons de massage, c'est une question de permis. Si quelqu'un vient et dit que c'est un centre de santé, et que ça devient un salon de massage érotique, ce n'est pas une position morale, c'est une position de cohérence. Ce n'est pas moi qui vais jouer à la police.

Encore hier, vous annonciez le recouvrement de l'autoroute Ville-Marie. Le ministre des Transports, Sylvain Gaudreault, a dit que ce n'était même pas dans les cartons. Vous êtes allé plus vite qu'eux...

La métropole a des priorités. Le maire de Québec n'a pas attendu après la permission de personne pour son Colisée. Moi, j'ai des priorités et c'est une partie. Le 375e, il y a des legs qui sont là-dedans, ce n'est pas qu'une question de célébration, mais aussi d'urbanisme et d'infrastructures [...].

Les gens attendent leur avis d'imposition, fin février, ça s'en vient. Il y a des gens qui vont avoir des augmentations des impôts fonciers supérieures à ce à quoi vous vous êtes engagé.

Je me suis engagé, selon le Conference Board du Canada du printemps 2013, le taux d'inflation était respectivement de 2,2 et 2%. J'ai dit qu'on irait au niveau du taux d'inflation. Au niveau de ce qui est la formule [des services centraux], c'était à 1,9%. Maintenant, il y a une réalité des arrondissements, ils ont leur pouvoir de taxation, ils ont fait des choix.

Parce que vous avez coupé 50 millions dans leurs budgets, c'est ce qu'ils disent...

C'est un effort collectif. Dans le fond, ce que je leur dis, c'est qu'on a eu une première table des maires, où on se réunit quatre fois par année. J'ai annoncé qu'il y aurait un comité ad hoc pour le financement des arrondissements.

Il n'y a pas une forme de déséquilibre fiscal là-dedans, le fait que les arrondissements se fassent couper et soient obligés d'augmenter les impôts fonciers? On a vu ça à Ottawa.

Ce n'est plus une guerre arrondissements contre ville centre, on n'est pas une fédération. On va arrêter de parler de centralisation-décentralisation, on va parler d'efficience et de cohérence. On a besoin d'avoir une réforme administrative.

Dernière question. Êtes-vous heureux, aimez-vous ça?

Je suis très heureux. En bon français, je tripe.

Plus que comme ministre?

C'est tripatif autrement. Certains bien-pensants riaient quand je disais qu'il fallait quelqu'un de proximité. Vous voyez ce que ça veut dire. C'est une façon d'être, d'être proche des gens, de travailler avec les gens, c'est l'ordre de gouvernement le plus proche des gens. Je dois vous avouer que je suis extrêmement à l'aise, j'adore mon travail.



Retranscription de Karim Benessaieh