L'administration Coderre brasse les cartes au sein de la haute fonction publique de Montréal. À terme, la métropole comptera trois directeurs en moins, une économie de 400 000$.

En tout, 11 directeurs verront leur poste disparaître lorsque la réforme entrera en vigueur, le 1er mai. Un jeu de chaise musicale s'enclenchera alors puisque seulement huit nouveaux postes seront créés.

La réforme vient simplifier la direction de la Ville. Jusqu'à présent, 15 directeurs de services se rapportaient au directeur général. «C'était beaucoup trop, il ne pouvait pas assurer une bonne coordination», note Pierre Desrochers. La nouvelle structure prévoit que quatre directeurs généraux adjoints se partageront la responsabilité des divers services.

«À la Ville, on se fait souvent accuser de travailler en silo. On pense à des projets comme la rue St-Laurent et du Parc. En recréant un groupe plus restreint de haute direction, on est confiants d'avoir une meilleure coordination entre les services », a indiqué Pierre Desrochers, président du comité exécutif.

Le nouveau directeur général de Montréal, Alain Marcoux, ressort de cette réforme avec un rôle accru. Il hérite de la gestion directe de plusieurs branches de la Ville, notamment responsable des communications, des finances et de la sécurité publique. Il sera également chargé de mettre en place la Ville intelligente, une des principales promesses de Denis Coderre en campagne électorale.

Autre changement, plus cosmétique, le service du «capital humain» change de nom pour redevenir celui des ressources humaines. «Nos employés, ce n'est pas du capital financier, ce sont des ressources humaines. Pour nous, c'est une question de connotation», a indiqué M. Desrochers.

La réforme administrative est loin d'être terminée, prévient l'administration Coderre. «C'est juste une première étape», dit Pierre Desrochers qui souhaite réduire la masse salariale de la Ville, qui se chiffre à 2,5 milliards, la moitié du budget de Montréal.

Opposition pas impressionnée

Le chef de l'opposition, Richard Bergeron, s'est dit peu impressionné par cette restructuration, qu'il a assimilée à un «jeu de chaise musicale». «On a eu droit à des restructurations quand Louis Roquet et Guy Hébert ont pris leurs fonctions, maintenant il y en a une autre. Ce n'est rien de plus qu'un jeu de chaise musicale auquel on est coutumier.»

Les économies «ne seront même pas» de 400 000$, estime-t-il, puisqu'on remplace des directeurs de service par des directeurs adjoints, mieux payés. Le chef de Projet Montréal évalue à plus de 500 le nombre de cadres en trop à la Ville de Montréal, où le ratio d'encadrement est d'un pour 9,5 employés. «Au gouvernement du Québec, dans toute grande entreprise publique ou privée, le ratio est d'un pour 12 ou 13. On paie 90 millions de dollars de trop pour l'encadrement de notre personnel. Une réforme administrative, ça veut dire poser ce genre de question.»

Le seul grand perdant de ces changements, estime-t-il, c'est le contrôleur général, qui perd son service et se retrouve sous les ordres directs du directeur général. «C'est normal, il y avait un grand chevauchement avec l'inspecteur général. La zone de manoeuvre du contrôleur général vient de se réduire à peau de chagrin.»