Tourisme Montréal a congédié cette semaine sa vice-présidente aux finances Marie Gilmore, parce qu'elle n'avait pas allumé de «lumières rouges» à propos des comptes de dépense de son ancien PDG Charles Lapointe.

Le nouveau président du conseil d'administration, Michel Archambault, a affirmé mardi à La Presse Canadienne que Mme Gilmore avait été invitée à quitter ses fonctions lundi en raison d'un bris de confiance.

M. Archambault a en partie accrédité l'interprétation de son prédécesseur, Jacques Parisien, qui a déclaré lundi en commission parlementaire que Mme Gilmore aurait dû l'avertir des dépenses injustifiées de M. Lapointe.

Mais selon le nouveau président du c.a., M. Parisien aurait dû être plus vigilant à propos du peu d'informations qui lui étaient transmises sur les dépenses de M. Lapointe, qui a quitté ses fonctions l'été dernier.

Un rapport accablant du vérificateur général Michel Samson, publié en novembre, a mis en lumières les dépenses excessives et injustifiées de M. Lapointe, qui a été en poste pendant 24 ans.

Devant des députés qui ont examiné la situation de l'organisme, lundi à l'Assemblée nationale, M. Parisien a déclaré qu'il n'était pas responsable d'étudier les détails des comptes de dépenses de M. Lapointe.

En entrevue mardi, M. Archambault a convenu que la gestion de Mme Gilmore, qui occupait cette fonction aux finances depuis le 1er juin 2000, aurait dû être plus rigoureuse dans ce dossier.

«Elle n'avait plus la confiance du conseil d'administration et le conseil a demandé au PDG de conclure une entente de départ avec cette personne, a-t-il dit. (...) C'est la direction des finances et de l'administration qui autorisait le paiement des comptes de dépenses sans l'autorisation du président du conseil, qui devait les autoriser.»

Bien qu'il formule un reproche à Mme Gilmore, M. Archambault n'a pas pour autant exonéré son prédécesseur de tout blâme.

«Normalement, pour une saine gestion, toute personne doit faire autoriser ses comptes de dépenses par son supérieur immédiat et ce n'était pas le cas, pour l'ensemble du compte de dépenses du PDG, a-t-il dit. Il y a une double part de responsabilités: on n'a pas suffisamment allumé les lumières rouges, d'une part, d'autre part, le supérieur qui devait les signer ne les signait pas, ça aussi il y a une part de responsabilités à ce niveau.»

Placé devant les constats du vérificateur général, notamment une allocation de 10 000 $ pour une voiture alors qu'un véhicule lui était fourni, M. Lapointe, a accepté de rembourser 82 000 $ à Tourisme Montréal pour des dépenses injustifiées.

Aux députés, lundi, M. Lapointe a plaidé qu'il avait fait des erreurs d'inattention qui ont mené à des réclamations injustifiées. Mais il avait affirmé qu'en théorie, M. Parisien devait approuver ses dépenses.

Tourisme Montréal examine encore la possibilité de récupérer une partie de la généreuse prime de départ de 654 000 $ versée à l'ancien PDG au moment de son départ.

«On ne dévoilera pas sur la place publique notre stratégie, mais on attendait quand même ce qui était pour se dire publiquement à la commission de la part des personnes en cause», a dit M. Archambault.

Le président du c.a. a expliqué mardi qu'une firme de vérification s'était penchée sur la gestion de Mme Gilmore et qu'un rapport présenté aux administrateurs les a incités à réclamer son départ.

Le nouveau PDG de Tourisme Montréal, Yves Lalumière, a conclu une entente avec Mme Gilmore lundi matin, avant le début des travaux de la commission parlementaire à Québec sur Tourisme Montréal.

Par ailleurs, M. Archambault a affirmé que les salaires et les avantages du personnel-cadre de Tourisme Montréal feront l'objet d'une évaluation de la part d'un expert, qui formulera des recommandations aux administrateurs.

Lundi, le ministre délégué au Tourisme Pascal Bérubé a évoqué une baisse de la rémunération du PDG, actuellement de 390 000 $, pour qu'elle corresponde à celle d'autres dirigeants, comme celui du Palais des congrès de Montréal.

«On va tenir compte des déclarations du ministre à l'intérieur de notre réflexion, a-t-il dit. On va s'asseoir avec le ministre, avec qui de droit, pour discuter et on va mettre sur la table l'ensemble de nos réflexions.»