Pour la première fois depuis des lustres, l'opposition à l'hôtel de ville de Montréal ne déposera pas de rapport minoritaire sur le budget.

Sur les 27 recommandations adoptées hier par l'instance chargée d'étudier le budget, 25 l'ont été à l'unanimité de ses 10 membres.

Par contre, trois conseillers de l'opposition, deux de Projet Montréal et une du Groupe Mélanie Joly, ont refusé d'adopter les prévisions budgétaires de la ville centre et de la Société de transport de Montréal déposées par l'administration Coderre le 29 janvier.

«Jamais je n'apposerais mon nom à ce budget-là. On fait abstraction de ceux qui quittent Montréal et il n'y a pas de stratégie de relance du transport collectif», a laissé entendre l'un des vice-présidents de la commission, Guillaume Lavoie, de Projet Montréal.

Cette opposition n'est cependant pas suffisante pour que ces trois conseillers imitent leurs prédécesseurs des dernières années et rédigent leur propre rapport minoritaire. Depuis 2010, les deux partis d'opposition et l'Association des municipalités de banlieue avaient pris l'habitude de se dissocier du rapport de la commission. Pas cette fois.

«Les rapports minoritaires étaient plus la norme que l'exception, note le président de cette instance, Alan DeSousa. On a eu une très bonne collaboration des membres de la commission, ils ont mis l'esprit partisan de côté. Tout le monde a travaillé avec une grande collégialité. Il y a une très bonne chimie entre les membres de la commission.»

Projet Montréal cinglant

M. DeSousa n'hésite pas à parler d'«un des rapports les plus consensuels» qu'il ait jamais vu. Son vice-président, le maire de Westmount Peter Trent, qualifie de «bouffée d'air frais» cette bonne entente et la faible hausse de 1,1% de la contribution des villes liées.

«C'est bien qu'on ait brisé cette tradition [du rapport minoritaire]. Nous sommes très contents avec toutes les recommandations; 1,1% d'augmentation de notre quote-part, c'est du jamais vu. Elle avait augmenté de 23% depuis 2009, c'est deux fois et demie l'inflation.»

L'autre vice-président, Guillaume Lavoie, de Projet Montréal, reconnaît qu'«il y a presque consensus sur le plan numérique», puisque 25 des 27 recommandations ont été votées à l'unanimité.

Sur le fond, par contre, il est cinglant: «Jamais je n'apposerais mon nom à ce budget-là. On fait abstraction de ceux qui quittent Montréal et il n'y a pas de stratégie de relance du transport collectif.» Les 20 conseillers de son parti au conseil municipal voteront vraisemblablement contre son adoption, lundi prochain.

Du côté du Groupe Mélanie Joly, on indique également que les quatre élus au conseil n'appuieront pas le budget, sans toutefois déposer de rapport minoritaire.

Les membres de la commission se sont notamment entendus pour demander plus de transparence à l'appareil municipal. Ils souhaitent recevoir tous les trois mois un rapport sur la hausse de la masse salariale, qu'on cesse d'utiliser des emprunts pour payer certains employés et qu'on réduise encore de 5% la rémunération globale des services centraux en 2015.