L'animosité entre Montréal et l'Agence métropolitaine de transport (AMT), organisme créé par Québec en 1996 pour gérer le transport collectif de la région, était un secret de polichinelle. C'est maintenant une déclaration en bonne et due forme, votée hier soir par une majorité d'élus et demandant au gouvernement Marois de confier les responsabilités de l'AMT à la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM).

Ce regroupement des 82 municipalités de la région métropolitaine reprendrait les quelque 23 milliards de dollars en projets pour les prochaines années, en plus d'assumer les opérations relevant de l'agence, dont les trains de banlieue. Pour l'administration Coderre, qui a présenté cette motion au conseil hier soir, la gouvernance actuelle chapeautée par l'AMT est «fragmentée» et implique trop d'acteurs, «ce qui se traduit par des retards répétés dans la réalisation des projets».

Dans la déclaration, on estime de plus que l'agence gouvernementale gère mal les deniers publics, s'appropriant «une part croissante» des fonds pour financer les déficits d'exploitation des trains de banlieue et ses propres frais de fonctionnement.

«La réalité, c'est qu'il y a des problèmes de gouvernance, a résumé devant le conseil le maire Denis Coderre. Au XXIe siècle, si on veut devenir une métropole forte, on doit s'assurer d'être inclusif, capable d'aller chercher des alliés pour des objectifs communs. Si on veut trouver de meilleures méthodes de financement, on a besoin d'avoir une CMM forte.»

«L'école du passé»

L'adoption de la déclaration a suscité des échanges vigoureux entre le maire et le chef de l'opposition, Richard Bergeron. Pour ce dernier, le remplacement de l'AMT par la CMM, «c'est du pareil au même, c'est du bidon dans les deux cas». Il en veut pour preuve le dossier du prolongement de la ligne bleue vers Anjou, qui aurait été retardé depuis 2002 parce que la CMM réclamait du même souffle de nouvelles stations de métro à Longueuil. «La CMM nous rend otages de nos supposés partenaires», a-t-il dénoncé.

Plusieurs élus de Projet Montréal ont renchéri et dénoncé la trop grande sympathie, selon eux, du maire Coderre pour les banlieues. «S'il y a une personne qui devrait dire de cesser cette fascination du 450, c'est le maire de Montréal, a fait valoir le conseiller François Limoges. Le maire de Montréal ne devrait pas être le porte-parole des couronnes nord et sud.»

Goguenard, le maire Coderre a décrit la position de Richard Bergeron comme celle de «l'école du passé: c'est diviser pour régner». La déclaration a été adoptée par une majorité de conseillers, ceux de Projet Montréal inscrivant leur dissidence.

Pas de primeur sur le budget

À moins de 48heures du dépôt du premier budget du maire Coderre, les maires d'arrondissement ont profité de la tribune du conseil municipal pour demander plus de financement. Le maire Benoit Dorais, du Sud-Ouest, a notamment rappelé les engagements de Michael Applebaum en 2012, qui avait promis d'indexer les budgets des arrondissements, de leur donner un espace fiscal de 10 cents par 100$ d'évaluation et de leur assurer un financement stable. La mairesse de LaSalle, Manon Barbe, a rappelé que les budgets de déneigement étaient un casse-tête permanent depuis une dizaine d'années. «Lorsque l'exception devient la norme, ça ne va plus du tout.» Le maire Coderre a convenu que la Ville et ses 19 arrondissements devaient se pencher sur la coordination du déneigement. Le président du comité exécutif, Pierre Desrochers, s'est dit «sensible» à leurs demandes, mais a refusé de dévoiler le moindre détail de son budget 2014. «Vous aurez les réponses mercredi», a-t-il déclaré. «Le président de l'exécutif nous dit d'attendre au budget... mais il n'y aura rien, j'en suis certain», a répliqué le maire Dorais... sur Twitter.