Le maire de Montréal et président de facto de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), Denis Coderre, a lancé jeudi un vibrant appel à la solidarité et à la collaboration des 82 municipalités du territoire, «afin que la région de Montréal reprenne sa place parmi les grandes métropoles du monde».

Un pont Champlain sans péage, le maintien des subsides fédéraux pour le logement social et l'obtention de pouvoirs en matière de développement des transports en commun font partie des six priorités métropolitaines (voir encadré ci-dessous) identifiées par le maire Coderre, en marge de la première réunion du conseil de la CMM depuis les élections municipales de novembre.

«J'espère que vous avez remarqué qu'il se passe quelque chose dans la grande région de Montréal depuis les dernières élections», a-t-il déclaré d'emblée devant environ 300 élus, gens d'affaires et représentants de la société civile, qui l'ont accueilli avec enthousiasme et deux ovations debout.

L'année 2014, affirme-t-il, «va être l'année du monde municipal; 2014 va être l'année de la solidarité municipale. Et 2014 sera l'année du Grand Montréal. On va s'assumer. On va jouer pleinement notre rôle sur le plan du développement économique», a dit M. Coderre en soulignant qu'il était du devoir des élus «d'apprendre à travailler ensemble».

M. Coderre a longuement insisté sur la nécessité d'une collaboration intermunicipale pour faire entendre les revendications régionales auprès des gouvernements d'Ottawa et de Québec dans de nombreux dossiers tels la sécurité du transport ferroviaire, un plan d'action contre la pauvreté ou l'aménagement d'un train léger sur le futur lien qui remplacera le pont Champlain.

«Nous avons des outils pour faire de grandes choses ensemble, a affirmé M. Coderre. On n'est pas juste des créatures de la province. On peut redevenir incontournables.»

Prudence

Le chef de l'opposition au conseil municipal de Montréal, Richard Bergeron, a réagi jeudi à l'appel du maire Coderre avec prudence. «Montréal, a-t-il dit, s'est fait prendre plus souvent qu'à son tour dans le piège du consensus de la CMM. 

«La réalité, c'est que l'île de Montréal perd annuellement 20 000 habitants au profit des autres villes de la CMM, ce qui se traduit par une création d'emplois 60 fois supérieure qu'à Montréal. Nous demeurons méfiants face à d'innombrables consensus qui, depuis sa création, ont marqué la vie de la CMM.»

La chef du parti Vrai changement pour Montréal, Mélanie Joly, a pour sa part déploré que le maire Coderre ait nommé au comité exécutif trois élus montréalais issus d'arrondissements où ont eu lieu des perquisitions policières, dont les maires de Lachine et Saint-Laurent, Claude Dauphin et Alan DeSousa, qui siègeront à l'exécutif.

La CMM est une organisation supramunicipale, créée en 2001, qui regroupe les 82 municipalités de la région métropolitaine, dont les villes de Montréal, Laval et Longueuil. La moitié de la population du Québec vit dans le territoire de la CMM.

Le maire de Montréal est de facto président de l'organisme, dont le conseil est formé de 28 élus du territoire métropolitain,, et dont le comité de direction est composé de 8 membres.

Les deux partis de l'opposition ont relevé, jeudi, que la mairesse de Longueuil, Caroline Saint-Hilaire, est la seule femme qui siégera au comité exécutif de l'organisme et qu'aucune femme n'a été nommée à la présidence des six commissions et du comité de consultation de la CMM.

Les 6 priorités métropolitaines de la CMM

1. Un pont Champlain sans péage

Les maires de la CMM ont réclamé l'automne dernier que le nouveau lien qui remplacera le pont Champlain soit sans péage et qu'il prévoie l'aménagement d'un train léger de type SLR entre la Rive-Sud et Montréal. Le gouvernement fédéral insiste pour implanter un péage sur le nouveau pont et refuse de s'engager dans le financement du SLR.

2. Planifier le transport en commun

Le maire Coderre réclamait déjà, en campagne électorale, que le pouvoir et les budgets pour planifier et développer les réseaux de transports en commun soient attribués aux élus de la région, par l'entremise de la CMM. Ces pouvoirs appartiennent présentement à l'Agence métropolitaine de transport (AMT), qui relève du ministre des Transports du Québec.

3. Stratégie économique

Le nouveau président de la CMM «entend faire entrer le Grand Montréal dans le club sélect des régions intelligentes» en privilégiant une stratégie de développement économique axée sur «la connectivité et la créativité», en relation avec les milieux des affaires et du savoir.

4. Mettre en oeuvre le PMAD

La CMM doit mettre en oeuvre le Plan métropolitain d'aménagement et de développement, adopté l'an dernier, afin d'encadrer l'utilisation du territoire urbain et agricole dans les 82 municipalités de la CMM. Cela comprend l'aménagement de quartiers à plus haute densité près des réseaux de transports en commun et l'adoption de plans de développement de la zone agricole.

5. Logement social

Le gouvernement fédéral menace de ne plus financer la construction de logements sociaux et de retirer des programmes de suppléments au loyer, qui représenteraient un manque à gagner de 550 millions sur 20 ans. Selon le maire Coderre, plus de 120 000 ménages de la région métropolitaine consacrent plus de 50% de leurs revenus à leur logement.

6. Un leadership fort

Le Grand Montréal doit parler d'une voix forte et unie. «Ma compétition, ce n'est pas Saint-Basile-le-Grand, Trois-Rivières ou Laval, c'est Madrid, Paris, New York et San Francisco. Ce sont les grandes métropoles du monde.»