Après avoir promis de «mettre fin au désordre» en campagne électorale, Marc Demers prend les moyens pour y parvenir en tant que maire de Laval. Les dossiers se bousculent, mais la priorité accordée à l'éthique domine clairement et un premier geste est dirigé vers la commission Charbonneau.

Quelques heures après l'entrevue, Marc Demers a fait adopter une résolution par le comité exécutif destinée à la commission Charbonneau. Selon lui, «c'est un signal important et une orientation vers la transparence».

«On va offrir à la commission Charbonneau de relever du secret professionnel les avocats qui ont travaillé dans des dossiers de Laval. Si Mme Charbonneau a des besoins à cet égard, elle pourra y donner suite. [...] La lettre va partir le plus vite possible», a affirmé Marc Demers.

Ce dernier ne cache pas qu'il était irrité chaque fois que l'avocat représentant Laval auprès de la commission Charbonneau se levait lors des audiences du printemps dernier pour rappeler aux commissaires que seul le comité exécutif de la Ville de Laval peut relever de leur secret professionnel les avocats qu'il mandate. Certaines questions sont ainsi restées sans réponse, notamment lorsque les avocats Jean Bertrand et Pierre Lambert ont été contraints de témoigner. Tous deux ont été arrêtés dans l'importante frappe policière qui a mené à des accusations de gangstérisme contre Gilles Vaillancourt.

«C'est une offre qui ne coûte rien et qui répond à la volonté des citoyens de savoir ce qu'il est advenu de leur argent», estime M. Demers.

Dénonciation obligatoire

Le maire réfléchit également à imposer à tous les élus ainsi qu'aux hauts fonctionnaires «l'obligation morale et légale» de dénoncer tout écart de conduite à l'hôtel de ville. Il entend faire du «copier-coller» de l'article 260 de la Loi sur la police, qui est sa source d'inspiration.

Du coup, il ne pourrait plus y avoir quelqu'un à l'hôtel de ville de Laval pour dire: «Je le savais qu'il volait, mais ce n'était pas dans mon mandat de le dénoncer», souligne M. Demers, qui entrevoit également des sanctions. «Les primes de transition seront conditionnelles à cela et on va voir comment on peut aussi l'appliquer au fonds de pension. Et si c'est possible que ce ne soit pas seulement un code de déontologie mais aussi un règlement municipal, on va le faire; ça devient plus gênant pour les administrations qui nous suivront de modifier un règlement municipal», souligne-t-il.

Mais pour agir, ne faut-il pas l'approbation du tuteur qui est en place depuis juin dernier? «C'est l'ancienne administration qui est sous tutelle, ce n'est pas moi», lance Marc Demers.

Pas de contestation

Le principal adversaire à la mairie, Jean-Claude Gobé, d'Action Laval, a annoncé mercredi qu'il ne contesterait pas l'éligibilité de M. Demers en tout respect de la décision démocratique des électeurs. M. Gobé a fait appel au sens des responsabilités de tous et a dit souhaiter «la sérénité aux Lavallois».