En durcissant la loi 1 sur l'intégrité, Montréal peut dorénavant «faire la part entre les entreprises voyous et les firmes sérieuses et honnêtes», se réjouit le maire Laurent Blanchard.

En point de presse ce matin avec le président du Conseil du trésor, Stéphane Bédard, le maire intérimaire a confirmé que toutes les entreprises qui voudront obtenir un contrat de voirie de plus de 100 000$ à Montréal devront être certifiées par l'Autorité des marchés financiers. La même obligation s'appliquera à ce qui était considéré comme une brèche dans la loi, la sous-traitance, obligeant toute firme souhaitant obtenir un contrat de plus de 25 000 $ à obtenir l'imprimatur de l'AMF.

Les changements devraient être adoptés par décret par le gouvernement Marois «dans les prochaines semaines», estime le ministre Bédard. Ils s'appliqueront tant aux contrats octroyés par la Ville que par l'agglomération et les arrondissements. Le maire Blanchard a présenté ces ajouts à la Loi 1 comme un héritage de ses quatre mois à la tête de la métropole. Il l'a fait dans son style inimitable.

«C'est un legs que je veux, et que le comité exécutif veut laisser à la nouvelle administration en place. Si les candidats à la mairie, et les candidats de toutes les mairies, veulent laver plus blanc que Blanchard, je pense que la brassée est prête.»

Réduire les délais

Essentiellement, les modifications viennent changer ce que le maire a qualifié de «carcan d'intégrité» qui a considérablement ralenti les chantiers de la métropole depuis décembre 2012. Jusqu'à maintenant, Montréal devait soumettre des listes de 25 contrats pour approbation à l'AMF, ce qu'on a fait huit fois pour 225 contrats au total. 43 entreprises gagnantes des appels d'offre, ou arrivées deuxièmes, ont été certifiées, 2 ont été refusées et 28 sont toujours en attente.

Dorénavant, tous les contrats de plus de 100 000$, et toutes les entreprises qui souhaitent déposer une soumission, de même que leurs sous-traitants, devront passer sous la loupe de l'AMF.

La nouvelle façon de faire «va réduire les délais», estime M. Blanchard. En laissant aux entreprises plusieurs mois pour se préparer aux contrats, «la shop va recommencer à rouler ce printemps.» Pour 2013, on s'attend à ce qu'«entre 50% et 66%» seulement des travaux prévus soient exécutés.

Incompréhension mutuelle

Pour le ministre Bédard, «les entreprises sauront à l'avance qu'elles devront être habilitées pour avoir des contrats de 100 000$. Les règles sont claires pour tout le monde.»

L'AMF ne risque-t-elle pas d'être débordée par l'étude de centaines de dossiers d'entreprises sur le marché de la construction à Montréal? Le ministre s'est fait rassurant. «Ils ont les équipes. Actuellement, ils souhaitent avoir plus de dossiers.» Il a par ailleurs précisé qu'il y a eu «une incompréhension mutuelle» quant aux retards qu'on reprochait à l'AMF pour le traitement des dossiers depuis un an. «L'AMF dispose des ressources financières nécessaires. Ce qui posait problème, c'est qu'on agissait tard dans le processus. »