Il n'y a pas qu'à Laval que l'agrandissement des zones inondables soulève critiques et irritation. Quatorze autres municipalités de la couronne nord s'interrogent sur le bien-fondé politique et scientifique du décret. Mais le ministre de l'Environnement persiste et signe: «Il n'y a rien qui puisse ébranler la nécessité que la même règle s'applique partout au Québec.»

1. Un geste de courage

Le ministre de l'Environnement, Yves-François Blanchet, défend bec et ongles sa décision de forcer les municipalités récalcitrantes à respecter les cotes de crues de 2005. Il n'y a pas eu de préavis et les citoyens ne sont pas informés? C'est la responsabilité de Laval et des MRC de Deux-Montagnes et de Sainte-Thérèse-de-Blainville, tranche le ministre. «La vraie question, c'est pourquoi a-t-il fallu attendre que Gilles Vaillancourt quitte [sont poste] et que les libéraux ne soient plus au pouvoir? Nous, nous avons eu le courage d'agir», affirme M. Blanchet.

2. Chute de la valeur des maisons

Sept cents résidences de Laval - majoritairement situées dans les vieux quartiers comme Fabreville, Laval-des-Rapides et Auteuil - font désormais partie des zones inondables édictées par le ministère de l'Environnement. La valeur de chacune de ces maisons risque de chuter, compte tenu du risque estimé qu'il se produise une inondation sur une période de 0 à 20 ans. Les dernières inondations majeures remontent pourtant à 1974 et 1976. À la suite de ces événements, le gouvernement a fait construire le barrage du Grand-Moulin à l'entrée de la rivière des Mille Îles pour dompter les eaux.

3. Ce n'est pas la faute du ministère

Yves-François Blanchet reconnaît que son ministère avait «un aperçu» de l'impact des cotes de crues de 2005 sur la population, mais «il fallait agir», affirme-t-il. «Le Ministère ne contrôle pas les niveaux d'eau. Il évalue la probabilité et établit les normes. Ce n'est pas sa faute», estime le ministre.

Ses collègues députés de Laval-des-Rapides et de Sainte-Rose, Léo Bureau-Blouin et Suzanne Proulx, ont affirmé en juillet dernier que c'est une bonne chose pour les Lavallois, car les normes visent à protéger les personnes et les biens en bordure de l'eau.

4. Des explications, SVP

La MRC de Deux-Montagnes exige des explications du ministère de l'Environnement et du Centre d'expertise hydrique du Québec, qui ont établi les normes de 2005. «Ce décret vient saborder les discussions en cours et plusieurs études faites en collaboration avec des partenaires de calibre comme Environnement Canada, Hydro-Québec et l'Université Laval», a indiqué la directrice générale de la MRC, Nicole Loiselle. Hier, la MRC a fait parvenir au gouvernement une résolution adoptée à l'unanimité par le conseil, le 27 août dernier, afin de réclamer une justification du geste et une rencontre.

5. Solution: déménager

Chez Option Laval, on applaudit le décret gouvernemental pour la nouvelle interdiction de construire sur les terrains vacants en zones inondables. Le candidat du district Auteuil, Guy Garand, se montre plus critique quant à l'impact financier subi par les propriétaires concernés. «Il devrait y avoir une ouverture du gouvernement pour que les gens ne perdent pas la valeur de leur maison. [...] Il faut reconnaître la possibilité qu'on les déménage s'ils sont inondés», dit-il. M. Garand était jusqu'à hier directeur général du centre régional de développement de Laval.

6. Expertise contestée

La façon de déterminer les cotes d'inondation a fait l'objet d'intenses discussions au cours des huit dernières années entre le gouvernement du Québec, Laval et les MRC. Il s'agissait de mieux cerner le comportement de la rivière des Mille Îles en période de crue. La conclusion des études approchait, mais la seule expertise qui compte est celle du gouvernement, a tranché le nouveau ministre de l'Environnement. «Si je permettais à Laval, qui a défié les règles, de produire une contre-expertise, chaque ville essayerait de contester», dit Yves-François Blanchet.

7. Plaidoyer pour la collaboration

«Ce n'est pas une façon d'ignorer les partenaires! Dans le monde municipal, on est habitués à une collaboration avec le gouvernement», commente le maire de Saint-Eustache, Pierre Charron, qui a été surpris du changement de cap du gouvernement. De son côté, la mairesse intérimaire de Laval, Martine Beaugrand, rencontrera aujourd'hui la ministre responsable de la région de Laval, Nicole Léger. Elle abordera avec elle les problèmes (perte de valeur des résidences et assurabilité en baisse) que pose la délimitation des zones inondables. Les 700 résidences visées totalisent quelque 200 millions de valeur foncière.