Même si une majorité du conseil municipal de Montréal promet de le reléguer aux oubliettes au lendemain des élections du 3 novembre, le programme triennal d'immobilisations a été adopté, par 43 voix contre 13.

Ce vaste plan prévoit des dépenses de 3,78 milliards d'ici 2017. Il couvre des domaines les plus centraux de l'administration municipale, de la réfection des infrastructures routières et de l'eau en passant par les festivités du 375e anniversaire de Montréal. Le débat pour son adoption, qui ne devait être qu'une formalité, a cependant suscité de vifs échanges entre les partis représentés au conseil. D'entrée de jeu, ce lundi matin, le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, a annoncé qu'il voterait pour ce PTI «théorique», mais qu'il en changerait une grande partie s'il est élu maire.

«Pure comédie» et iniquité

La chef de file de l'équipe de Denis Coderre, la mairesse de l'arrondissement de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension Anie Samson, est allée plus loin en qualifiant l'exercice de «pure comédie», de «perte de temps, d'énergie et d'argent».

Même si elle a déploré le manque d'investissements des gouvernements supérieurs et l'iniquité entre arrondissements, la chef de Vision Montréal, Louise Harel, a donné son appui à ce PTI.

Le débat a été retardé de plus d'une heure quand un des membres du comité exécutif, Christian Dubois, a déposé un amendement au PTI demandant des investissements supplémentaires dans la sécurité publique. Les investissements prévus pour la police et le service des incendies sont en chute libre cette année, avec un montant de 85 millions, soit 41% de moins que l'an dernier.

Cet exemple d'un membre du comité exécutif qui se désolidarise de ses collègues a été qualifié de «farce» qui n'a «aucun bon sens» par le maire de Saint-Laurent, Alan DeSousa, qui se présente au sein de l'équipe Coderre. Dans une intervention fortement teintée par la campagne électorale en cours, il y a vu la preuve du «manque de cohésion» de la coalition.

Amendement retiré

Ses commentaires ont suscité un tollé chez ses adversaires, notamment Elsie Lefebvre, leader de Vision Montréal, qui a rabroué M. DeSousa en rappelant sa longue association avec l'administration de l'ex-maire Tremblay.

Après des échanges vigoureux, M. Dubois a accepté de retirer son amendement.

La matinée a par ailleurs été marquée par une interruption d'une quinzaine de minutes, quand des citoyens, dont plusieurs en fauteuil roulant, ont manifesté. Scandant «Ouvrez les portes», ils ont réclamé l'accessibilité universelle des bureaux de vote aux personnes handicapées. En 2009, un bureau sur cinq n'était pas accessible. Les manifestants ont accepté de mettre fin à leur action après que le président du conseil, Harout Chitilian, et le maire Laurent Blanchard leur eurent assuré que leur message avait été entendu.