Ulcérés par la demande du maire Laurent Blanchard de présenter un budget gelé pour 2014, les élus de la plupart des arrondissements montréalais ont réussi à annuler cette décision impopulaire.

Par une forte majorité de 46 voix contre 5, les conseillers ont infirmé en fin d'après-midi la décision du comité exécutif : ils ont adopté une motion demandant aux arrondissements de transmettre un budget «prévoyant une pleine indexation à l'inflation».

La motion, proposée par le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, enfonçait le clou en précisant que «la pratique communément reconnue comme étant de bonne administration publique de prévoir l'indexation des budgets d'opération à l'inflation».

Il s'agit de tout un désaveu pour le maire intérimaire Laurent Blanchard, qui a demandé aux arrondissements et aux services centraux en juillet dernier de ne pas indexer leurs budgets pour 2014. Lundi, il a expliqué cette décision par sa volonté de ne pas forcer la main du futur maire, qui sera élu le 3 novembre prochain. «Ce n'est pas un héritage que nous voulons léguer à la prochaine administration. Celle-ci fera ses choix.»

Et après-midi, il a renchéri en qualifiant sa demande de gel de «responsable». «C'est plate à dire, mais il y a des contraintes. Nous sommes toujours en situation de déficit appréhendé. C'est la proposition que l'on fait, dont la décision va appartenir à la prochaine administration.»

Serpents et échelles

À l'exception des membres du comité exécutif, tous les élus qui ont pris part au débat sur la motion de M. Bergeron ont descendu en flammes le gel des budgets. Rappelant que l'indexation des budgets était un pan important de la réforme proposée il y a un an par Michael Applebaum, le maire de Lachine, Claude Dauphin, a comparu la situation à «un jeu de serpents et d'échelles».

«On avait pogné une échelle, on vient de pogner un serpent et on redescend en bas, à la case départ.»

Pour la mairesse de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension, Anie Samson, cette initiative du maire Blanchard est une «belle perte de temps». Ces budgets devront en effet être entérinés par les conseillers qui seront élus le 3 novembre prochain.

«C'est la première fois qu'on met des gens à l'oeuvre pour travailler sur une proposition budgétaire qui est totalement hypothétique. Les prochains élus prendront la décision. Attendons les élections le 3 novembre, peu importe qui sera là, ils auront la légitimité de prendre cette décision-là.»

Richard Bergeron a qualifié le débat d'«ésotérique». «La prochaine équipe fera ses choix.»