Montréal tient au recouvrement de l'autoroute Ville-Marie, y voyant un investissement rentable malgré les coûts élevés. Plusieurs élus montréalais proposent de réaliser le projet par étape, la priorité étant de recouvrir la portion entre le Palais des congrès et le CHUM.

La Presse a révélé récemment qu'une étude de faisabilité évaluait à 1,5 milliard le coût du recouvrement d'un segment de 1,5 km de l'autoroute Ville-Marie. Le rapport du consortium Groupe SM/Roche/CHA a toutefois indiqué que la première phase, soit les 500 m séparant les rues Saint-Urbain et Saint-Denis, coûterait 500 millions.

C'est cette partie que les élus montréalais souhaitent voir réalisée en priorité. «Je le vois plus comme un investissement qu'une dépense», dit Alain Tassé, responsable du développement économique et de l'urbanisme au comité exécutif de Montréal. L'élu estime que l'investissement pourrait être rentabilisé en 7 à 10 ans par la vente de terrains et les taxes générées par les nouvelles constructions.

Une plus belle entrée pour le Vieux-Montréal

«Pour moi, c'est un trou en plein milieu de la Ville. Pas un trou à remplir, mais à couvrir», poursuit Alain Tassé. Celui-ci trouve désolant le spectacle offert aux touristes qui empruntent le métro Champ-de-Mars. Certes, le tunnel a été rénové, mais «ce n'est pas l'endroit le plus agréable. Le Vieux-Montréal mérite une plus belle entrée», dit-il. Le recouvrement permettrait d'aménager une place publique au pied de l'hôtel de ville.

Le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, estime pour sa part qu'il faut «renvoyer aux oubliettes la pire balafre à n'avoir jamais déparé la métropole du Québec». Lui aussi prône un recouvrement par étape. «Le segment qu'il est aujourd'hui le plus pressant de recouvrir est Saint-Urbain à Sanguinet, pour opérer la jonction entre le Palais des congrès et le nouveau CHUM.»

La chef de Vision Montréal, Louise Harel, croit qu'une décision sur le recouvrement doit être prise d'ici 2017, pour coïncider avec le 375e anniversaire de la métropole. «C'est une fracture pour la Ville», dit-elle.

Consciente que la facture s'annonce élevée, Harel estime elle aussi que Montréal doit commencer par le premier tronçon entre Saint-Urbain et Saint-Denis. «Cette première tranche est indispensable. Les investissements publics entraînent tellement d'investissements privés, il faut juste choisir le moment propice.»

Agrandissement du Palais des congrès

Louise Harel rappelle que le recouvrement d'une autre portion de l'autoroute Ville-Maire, à l'ouest du Palais des congrès, avait été réalisé lors d'un agrandissement du centre. «Ça avait permis de faire accepter le recouvrement à l'ouest. Ça avait coûté 300 millions, mais ça avait permis plus d'un milliard en investissements. Alors j'ai toujours rêvé de faire le recouvrement à l'est.»

Les auteurs de l'étude de faisabilité recommandent d'ailleurs d'attendre l'agrandissement du Palais des congrès pour lancer le recouvrement. La société responsable de la gestion du centre dit toujours être à évaluer ses besoins pour un éventuel agrandissement. En mars, le gouvernement a décrété une réserve foncière sur deux terrains, dont un à l'est. Aucune décision n'a toutefois encore été prise à ce sujet, dit un porte-parole du Palais des congrès, Pierre Tessier.

Au coût de 500 millions, le recouvrement de la portion entre les rues Saint-Urbain et Saint-Denis permettrait d'aménager 240 000 m2 de nouvelles constructions. La réalisation des travaux prendrait cinq ans et demi.