La corruption vient de faire perdre à Montréal un deuxième maire en quelques mois, mais le gouvernement péquiste n'ose pas imposer un observateur à l'hôtel de ville.

«L'offre demeure (...), mais on laisse la ville manifester son intention à cet égard», a lancé le ministre des Affaires municipales, Sylvain Gaudreault, peu après la démission de Michael Applebaum.  

Mettre Montréal sous tutelle ou lui imposer un observateur serait un «manque de respect» pour les élus intègres, croit le ministre responsable de la Métropole, Jean-François Lisée. Il explique que Montréal n'est «pas dysfonctionnelle», dans la mesure où les dossiers quotidiens «continuent d'avancer» et que les services sont maintenus. Mais le gouvernement péquiste n'hésitera pas à intervenir si le nouveau maire lève la main.   

Ce nouveau maire doit être choisi «dans les plus brefs délais», dit M. Lisée. Et il devra respecter «l'esprit de coalition» formée après la démission du maire Gérald Tremblay, qui avait permis aux différents partis de collaborer pour gérer Montréal jusqu'aux prochaines élections de novembre. Quatre candidats se dégagent pour le poste: les indépendants Helen Fotopulos, Alan DeSousa et Laurent Blanchard, ainsi que François Croteau, maire de Rosemont-Petite-Patrie et membre de Projet Montréal. M. Croteau quitterait le caucus pour devenir maire indépendant de Montréal.

Un maire d'arrondissement et membre jusqu'à ce matin d'un parti respecterait-il cet esprit de coalition?  «C'est déjà une décision difficile, on ne la rendra pas encore plus difficile», a répondu M. Lisée.

MM. Lisée et Gaudreault insistent toutefois pour que le nouveau maire soit choisi de façon consensuelle. De plus, il ne devra pas se porter candidat à la mairie de Montréal aux prochaines élections, et devra se contenter de «gérer correctement la ville» et «agir au-dessus de la partisanerie», dit M. Gaudreault. 

Le gouvernement péquiste a salué la démission de Michael Applebaum. «Dans les circonstances, c'est la meilleure décision qu'il pouvait prendre, la plus responsable», dit le ministre des Affaires municipales.

La Coalition avenir Québec croit encore que la tutelle demeure la «meilleure option». «Mais si le gouvernement écarte cette possibilité, il doit à tout le moins envoyer un observateur pour les prochains mois, afin d'assurer un meilleur climat en vue des élections. Entre temps, les Montréalais auront un maire par intérim, pour remplacer un maire par intérim, qui remplaçait M. Tremblay. Nous espérons qu'ils voteront en grand nombre lors de la prochaine élection», a réagi le caquiste Stéphane Le Bouyonnec.