«Lorsqu'on doit faire déménager des personnes âgées - 40 de nos soeurs ont plus de 90 ans, 3 en ont plus de 100 - et que certaines d'entre elles ont habité les lieux depuis plus de 50 ans, aucun effort, aucun détail ne doit être négligé.»

Soeur Ghislaine Desjardins, supérieure de la maison mère, a été la maîtresse d'oeuvre du déménagement des Soeurs grises de «leur» maison mère à un nouveau complexe résidentiel dans le secteur Angus.

«Nos structures étaient rendues trop lourdes, la maison trop grande et les soeurs trop peu nombreuses, explique celle qui a été la dernière à partir un peu plus tôt cette semaine. Toutes les soeurs ont été consultées en 2006 pour savoir où elles souhaitaient aller. Nous avions des bâtiments à Châteauguay, mais tout le monde voulait demeurer à Montréal.»

Soeur Desjardins n'en est pas à son premier défi puisqu'elle a occupé plusieurs postes administratifs importants au sein de la communauté des Soeurs grises, tout en faisant de longs séjours dans leurs oeuvres en Afrique.

«Ce défi-là était toutefois particulier parce que le bien-être de toutes nos soeurs était en jeu, souligne-t-elle. Nous y avons donc consacré beaucoup d'énergie pour trouver les meilleures solutions et nous avons multiplié les rencontres pour tenir les soeurs informées tout au long du processus.»

Initialement prévu après 2020, le déménagement a été graduellement devancé afin de permettre à l'Université Concordia d'entreprendre les travaux.

Après qu'une collaboration avec un promoteur privé a échoué, c'est un partenaire des Soeurs grises, la Corporation catholique du Manitoba, qui a fait l'acquisition des appartements du Square Angus, en 2010, pour y installer les soeurs et des prêtres retraités. Une grande annexe a été ajoutée afin d'y aménager l'infirmerie, les locaux spécialisés pour les personnes en perte d'autonomie et les services.

«Il y aura trois secteurs de vie, explique soeur Desjardins. Après évaluation, nous avons décidé que quelques dizaines de soeurs, plus autonomes, vivraient en appartement dans l'ancienne partie du projet. Les autres seront installées dans les deux sections de la nouvelle annexe en fonction de leur autonomie.»

Plusieurs religieux cohabitent donc avec des laïcs dans la partie ancienne des appartements. L'annonce du projet, en 2010, avait été accueillie avec réserve par certains locataires qui craignaient que l'ambiance devienne trop austère, mais l'arrivée des soeurs semble avoir rassuré tout le monde et contribué à développer davantage l'esprit communautaire des lieux.

Soeur Desjardins a d'ailleurs insisté pour renforcer, si c'était possible, les liens au sein de la Congrégation. Elle a jumelé toutes les soeurs en fonction des affinités et des forces de chacune afin de faciliter leur adaptation.

Avec la collaboration de Chantal Demers