Le prix final de la reconstruction des quatre échangeurs du complexe Turcot sera plafonné, par contrat, pour éviter de nouveaux dépassements de coûts. Les entreprises choisies pour réaliser le projet devront également montrer patte blanche auprès de l'Autorité des marchés financiers.

À l'occasion d'un troisième «lancement officiel» du projet, auquel devrait participer la première ministre Pauline Marois, Québec insistera aujourd'hui sur la reprise en main de ce mégaprojet dont l'échéancier est constamment repoussé et dont les coûts estimés ont plus que doublé depuis la première annonce, en 2007.

Selon les informations obtenues par La Presse, le coût du projet, actuellement estimé à 3,7 milliards, sera réévalué par un organisme indépendant avant que le contrat de construction principal ne soit attribué. Il sera ensuite plafonné à cette somme afin d'obliger le consortium choisi à respecter le budget prévu.

Le nouvel échéancier, qui sera confirmé aujourd'hui, prévoit le début des grands chantiers d'infrastructure pour 2015 et la fin des travaux, incluant la démolition des structures de l'échangeur actuel, pour 2020. Lors de la dernière annonce de réalisation, faite par l'ancien ministre libéral des Transports, Sam Hamad en novembre 2010, le projet devait coûter 3 milliards et sa réalisation devait être terminée en 2017.

Nouvelle gare de train

Le mégaprojet relancé aujourd'hui ne sera pas sensiblement différent de la version présentée en 2010 par l'ancien gouvernement libéral. La Presse a toutefois appris que de nouvelles mesures de transports collectifs seront annoncées aujourd'hui par Québec pour faciliter les déplacements de part et d'autre de cet immense chantier de construction prévu dans le sud-ouest de Montréal.

Une nouvelle gare sera aménagée sur le parcours du train de banlieue de Candiac, en provenance de la Rive-Sud. Il pourrait s'agir du projet de gare Lachine-Victoria, déjà à l'étude par l'Agence métropolitaine de transport. Le train de banlieue s'arrête déjà à LaSalle et traverse la zone des travaux, entre Montréal-Ouest et le centre-ville de Montréal, en empruntant les voies du chemin de fer Canadien Pacifique. Le nouvel arrêt serait «inséré» entre les gares de LaSalle et de Montréal-Ouest.

Le gouvernement prévoit aussi l'aménagement d'une voie réservée aux autobus dans la rue Sherbrooke Ouest. Cette nouvelle mesure devrait surtout bénéficier aux résidants du secteur de Notre-Dame-de-Grâce, au nord du complexe Turcot, dont les déplacements sont déjà sérieusement entravés par la construction du Centre universitaire de santé McGill, voisin du futur échangeur Turcot.

Ces mesures s'ajoutent aux 18 km de voies réservées aux autobus et à divers projets de bonification des transports collectifs en voie de déploiement dans la partie ouest de l'île de Montréal. Selon les données obtenues, ces mesures additionnelles feraient passer le total des investissements prévus en transports en commun à environ 400 millions - soit un peu plus de 10% de la valeur globale du projet.

Cinq consortiums en lice

Cinq consortiums internationaux composés de firmes d'ingénierie et d'entreprises de construction du Québec, du Canada et de l'étranger sont toujours en lice pour le contrat principal de conception-construction, dont l'attribution et la gestion relèvent d'Infrastructure Québec.

L'annonce des trois candidats qualifiés pour la dernière étape du processus d'appel d'offres n'est pas prévue pour aujourd'hui, selon les sources de La Presse. Les consortiums qui ont déposé leur candidature en mai 2012 comptent tous, dans leurs rangs, au moins une entreprise de construction ou de génie-conseil mise en cause dans des stratagèmes de collusion révélés récemment par la commission Charbonneau.

Certaines, comme la firme d'ingénierie SNC-Lavalin, comptent même d'ex-dirigeants accusés d'abus de confiance et de corruption dans l'attribution de certains contrats publics.

En conférence de presse, aujourd'hui, les ministres Jean-François Lisée, responsable de Montréal, et Sylvain Gaudreault, titulaire des Transports, insisteront en particulier sur le processus d'autorisation auquel devront se prêter les candidats au contrat principal, sous la férule de l'Autorité des marchés financiers. Les entreprises qualifiées devront satisfaire aux exigences de la Loi sur l'intégrité en matière de contrats publics (projet de loi 1), adoptée l'automne dernier; le gouvernement péquiste en a fait son fer de lance en matière d'éthique et de bonne gouvernance.