Un col bleu maniant sa chenillette à toute allure dans la neige, un chien creusant des tunnels et des manifestants irréductibles, la bordée de neige qui recouvre Montréal à la veille du printemps ne fait pas que des malheureux, loin de là.

Vers 15h, la station météo de Dorval avait enregistré une chute de 26 cm de neige, le plus haut total pour le moment dans le sud du Québec. Les Laurentides et la Montérégie en ont reçu environ cinq de moins. Malgré l'accalmie en vigueur depuis le milieu de l'après-midi, quelques centimètres pourraient encore s'accumuler d'ici la nuit. 

Plus à l'est en revanche, dans la région de Québec notamment, la neige commence à s'intensifier après un début tardif. «C'est une bordée normale pour le mois de mars. Selon les statistiques, mars est un des mois parmi lesquels nous avons connu les plus grosses tempêtes à Montréal. Le 26 et 27 mars 1955, il était tombé 49 cm», rappelle le météorologiste André Cantin, d'Environnement Canada. Même si elles étaient enneigées, les routes n'ont pas été le théâtre d'accidents. Il faut dire que le vent ne soufflait pas aussi fort qu'annoncé.

La circulation était certes considérablement ralentie, mais mis à part quelques camions qui ont effectué des mises en portefeuille, les autorités policières ne rapportent que quelques sorties de routes sans blessés graves dans la périphérie montréalaise.

Manifestation

La chute de neige n'a pas découragé quelques dizaines de manifestants de passer la journée devant le bureau de la première ministre Pauline Marois, sur la rue McGill, au centre-ville, lors d'une vigile réclamant une enquête publique sur les interventions policières pendant les manifestations étudiantes de la dernière année. Ils s'y sont installés à 9h et doivent y demeurer jusqu'à 21h ce soir. À l'initiative de groupes syndicaux, de la Ligue des droits et libertés et des Mères en colère et solidaires, notamment, l'événement regroupait peu de jeunes lors du passage de La Presse vers 10h.

«Imaginez si nous sommes ici par ce temps, ce que ce sera quand il fera beau», la lancé une des manifestantes. Sur le trottoir opposé, du côté ouest de la rue, un col bleu s'en donnait à coeur joie dans la neige aux commandes de sa chenillette. Faisant des allers-retours à très vive allure, dérapant dans ses virages, il frôlait les piétons en les abreuvant d'incessants coups de klaxon pour qu'ils dégagent le trottoir. Plusieurs ont dû littéralement se jeter dans la neige aux abords du pavé pour céder la place à l'employé municipal pressé. Il a d'ailleurs été averti de modérer ses ardeurs par un policier en faction à quelques mètres du groupe de manifestants.

Comme on peut s'y attendre, les esprits étaient plus calmes à la place de la Paix, angle Saint-Laurent et Juliette-Béliveau.

Andrée Rondeau y respirait le bonheur avec Charlotte, sa chienne de race Wheaten terrier qui jouait dans la neige, s'y enfouissant le museau pour bondir sur l'objectif de notre caméra en y projetant le plus de neige possible. «Elle est heureuse, elle ne peut demander mieux, elle adore la neige. On aime l'hiver», a déclaré la maîtresse de Charlotte.

Environnement Canada prévoit pour les jours à venir quelques averses de neiges, quelques centimètres de plus, et des températures légèrement en deçà des moyennes saisonnières.