De retour de vacances, le directeur général de la Ville de Montréal, Guy Hébert, a nié en bloc vouloir le congédiement du directeur du service de police, Marc Parent.

Selon M. Hébert, les informations parues dans La Presse vendredi dernier, selon lesquelles il souhaitait se débarrasser de M. Parent, ne sont que «des rumeurs», «une campagne de salissage» menée par la Fraternité des policiers, en particulier son président, Yves Francoeur.

«Ce sont des stratégies syndicales, a soutenu le directeur général en point de presse à l'hôtel de ville. Francoeur avait promis que «la marde allait pogner», c'est exactement ce qu'il a fait. La rumeur veut que la Fraternité veuille ma tête, comme elle a exigé les démissions de Gérald Tremblay et de Michael Applebaum. Ça n'a pas de bon sens.»

M. Hébert a en fait nié sur toute la ligne les éléments qu'on lui reproche. Il n'est pas visé par une enquête entourant l'octroi d'un contrat de 42 millions pour les communications du service de police, pour lequel l'entreprise Motorola a porté plainte.

Deux comités se sont penchés sur cet appel d'offres -il a siégé comme observateur sur l'un d'eux- et n'y ont trouvé aucune irrégularité, a-t-il rappelé. Présent à la conférence de presse, le contrôleur général, Alain Bond, a assuré qu'il n'y a eu «aucune ingérence de Guy Hébert» dans ce dossier.

«J'ai participé à différentes enquêtes qui ont été tenues, notamment sur le Faubourg Contrecoeur. Si j'étais visé, je ferais ce que je dis aux autres employés de la Ville de faire : je collaborerais entièrement.»

Confiance en Marc Parent

Il soutient n'avoir jamais demandé à Québec de modifier les règles pour lui permettre de congédier son directeur de police. «Je ne peux pas faire ça, ce n'est pas comme ça que ça marche. Il faudrait que je monte un dossier. Actuellement, le dossier de M. Parent est vierge. La première étape, celle du dossier, elle n'est même pas là. Mes relations avec M. Parent ne sont ni meilleures ni pires que celles avec les autres directeurs de département. Il n'y a pas de chicane, pas de frictions. J'ai confiance en M. Parent, on travaille ensemble. Ce qui est à améliorer, on l'améliore ensemble.»

Il convient tout au plus avoir pris connaissance du «contrat particulier» de M. Parent et a défendu son droit de prendre connaissance des aspects administratifs du corps de police. «Il faut que je m'assure que les gens sont bien utilisés.»

M. Hébert lie cette crise au rejet viscéral de la Fraternité des policiers de l'abolition du nouvel horaire, connu sous le nom d'horaire de trois jours. Il a dévoilé à cette occasion un tableau, compilant le bilan qu'en ont fait les 33 commandants de postes de quartier. «30 sur 33 disent qu'opérationnellement, ce n'est pas un bon horaire. C'était un projet-pilote : il ne fallait pas que ça coûte plus cher, ni que ça diminue la solidité du corps de police. Les deux principales conditions ne sont pas rencontrées.»

Le directeur général a rencontré le maire Michael Applebaum et s'est dit assuré de son soutien. «Il est très à l'aise avec les explications que je lui ai fournies.»

Peu après, en point de presse, le maire Applebaum a réitéré sa confiance en ses deux directeurs. «M. Parent fait un excellent travail, Guy Hébert est là pour s'assurer des budgets. Il n'y a aucun conflit entre les deux.» Lui aussi voit derrière cette affaire l'intervention de la Fraternité des policiers. «Ce n'est pas le président du syndicat qui va décider comme on gère la police. Je sais que M. Francoeur veut utiliser des tactiques de force. On lui demande de retourner à la table des négociations.»

Si elle le juge nécessaire, l'Escouade de protection de l'intégrité municipale (EPIM) peut mener une enquête sur M. Hébert, «je n'ai pas de problème avec ça», a précisé le maire Applebaum. Par souci de préserver l'indépendance policière, il a expliqué qu'il n'avait pas l'intention de demander au directeur Parent si une telle enquête était effectivement en cours.

La chef de l'opposition, Louise Harel, s'est dite elle aussi satisfaite des explications de M. Hébert. Elle entend toutefois déposer une motion au conseil en appui à Marc Parent. Elle a par ailleurs réitéré sa demande de voir la ligne éthique revenir sous la juridiction du vérificateur général, qui l'a perdue au profit du contrôleur général en 2010. «Le contrôleur général, c'est l'adjoint du directeur général, a-t-elle fait valoir. Il n'y a pas de distance entre les deux, on l'a vu ce matin en conférence de presse.»

Quant aux rumeurs concernant l'animosité qui existerait entre MM Hébert et Parent, elle a eu cette réflexion: «On n'est pas obligé de s'aimer pour travailler ensemble. Il faut avoir un respect mutuel.»