Le maire de Montréal, Michael Applebaum, affirme que la Fraternité des policiers cherche à l'intimider pour qu'il revienne sur sa décision de mettre fin à leur semaine de travail de trois jours. Appréhendant une campagne de dénigrement, il a lancé cet avertissement: «On ne va pas m'intimider, on ne va pas me menacer.»

Un bras de fer se joue depuis plusieurs semaines entre la Ville et ses policiers, qui souhaitent maintenir le projet pilote lancé par la direction du SPVM en mars 2012, qui leur permet d'avoir un horaire de trois jours plutôt que quatre. Michael Applebaum a convoqué la presse d'urgence ce matin pour dénoncer les manoeuvres du syndicat, qu'il considère comme de l'intimidation.

Le maire affirme que le président de la Fraternité des policiers, Yves Francoeur, lui a donné jusqu'à 18 h ce soir pour revenir sur sa décision, sans quoi il s'exposerait à des représailles. Dans un courriel distribué aux médias, un responsable syndical prévient que le maire aura le syndicat «sur le dos» s'il ne change pas d'idée. M. Applebaum soutient qu'Yves Francoeur lui a dit lors d'un entretien téléphonique ce matin qu'il s'en prendrait directement à lui.

«Je n'ai jamais menacé personne», a répliqué le président de la Fraternité des policiers, Yves Francoeur, lors d'un point de presse tenu cet après-midi. M. Francoeur a mandaté les procureurs du syndicat d'exiger que M. Applebaum se rétracte. Il n'a pas précisé s'il envisageait poursuivre ce bras de fer devant les tribunaux.

«Je parle régulièrement à des ministres, des sous-ministres et des premiers ministres, et je ne me suis jamais fait faire ce coup-là, a martelé M. Francoeur. Si de «dire que la marde va pogner» chez les policiers insatisfaits est une menace pour le maire, il a la peau mince. J'ai eu des conversations viriles avec des ministres, par le passé, qui sont restées entre nous», a-t-il ajouté.

Selon la Fraternité, les policiers qui bénéficient d'un horaire de trois jours travaillent autant d'heures que ceux qui travaillent quatre jours. L'ancienne façon de faire, qui n'avait pas été modifiée depuis les années 70, ne serait pas optimale ni pour les policiers, ni pour la Ville, assure le syndicat.

Plus tôt vendredi, le maire de Montréal a assuré aux médias qu'il n'exagérait pas la menace qu'il disait avoir reçue. «Je sais qu'il en est capable, il l'a déjà fait contre Gérald Tremblay.» L'automne dernier, la Fraternité avait demandé publiquement la démission de l'ex-maire à la suite des révélations de la commission Charbonneau.

M. Applebaum croit que les policiers tentent de profiter de l'onde de choc provoquée cette semaine par la frappe de l'Unité permanente anticorruption à l'hôtel de ville et aux bureaux de plusieurs arrondissements. Il soutient qu'il n'a pas été déstabilisé par cette vaste perquisition et qu'il a les affaires courantes de la Ville bien en main.

Montréal a lancé un projet pilote en mars 2012 pour permettre aux policiers d'avoir un horaire de travail de trois jours. Il y a peu, la Ville a décidé d'abandonner l'idée parce qu'elle est trop coûteuse et que, selon 30 commandants de poste de quartier, elle est trop difficile à gérer. Une importante partie des heures supplémentaires payées durant le conflit étudiant serait d'ailleurs attribuable à cet horaire expérimental.

Photo: François Roy, archives La Presse

Le président de la Fraternité, Yves Francoeur.