La Ville de Montréal sanctionne trois employés après avoir déterminé que les allégations dont ils faisaient l'objet devant la commission Charbonneau étaient fondées. Les fonctionnaires François Thériault et Yves Themens sont congédiés, tandis que Gilles Vézina est renvoyé à sa retraite.

Le témoignage de l'ex-entrepreneur Lino Zambito, en octobre, avait mené à la suspension de trois employés de Montréal affectés aux chantiers. Un quatrième avait été suspendu un mois plus tard, lui aussi soupçonné d'avoir collaboré avec des entrepreneurs ayant mis au point un stratagème de collusion et de faux extras.

Le contrôleur général de Montréal, Alain Bond, a enquêté sur chacune des allégations avancées devant la commission Charbonneau. «La Commission a facilité notre travail parce que sinon c'était comme trouver une aiguille dans botte de foin. On a sorti les dossiers de chacun des faux extras mentionnés pour vérifier. On a creusé et on a trouvé des choses. On a mesuré des quantités de matériaux, il y a eu des contre-expertises. C'est extrêmement long comme processus» , a expliqué Jean-Yves Hinse, directeur du capital humain à la Ville.

La conclusion de son rapport du contrôleur est sans appel. Le trio sanctionné a «entraîné des dépenses non justifiées par la Ville, provoqué l'augmentation de quantités de matériaux non justifiée, fait payer par la Ville des travaux sans pièces justificatives, entretenu des liens de proximité avec des entrepreneurs et accepté des avantages de la part d'entrepreneurs».

Les vérifications ont permis de constater notamment que des quantités de matériaux ont été modifiées par la suite.

Certaines allégations n'ont pu être prouvées, mais suffisamment l'ont été pour mener au congédiement de l'ingénieur Yves Themens et du surveillant de chantier François Thériault.

Les deux avaient nié toute malversation devant la Commission. La probité de Themens avait toutefois été mise en doute en saison de ses nombreux contacts téléphoniques avec divers entrepreneurs. La compagnie de Zambito, Infrabec, aurait également payé un voyage, du moins en partie, à M. Themens. Quant à Thériault, il a été arrêté pour parjure, puisqu'il n'a pas mentionné qu'il aurait bénéficié d'un rabais 30 000 $ sur la construction de sa maison, gracieuseté de l'entrepreneur Paolo Catania, de Catcan.

Gilles Vézina, chef d'équipe, a pour sa part annoncé à la Ville son intention de démissionner et de retourner à sa retraite. Impossible de lui retirer sa rente, précise M. Hinse. «C'est son patrimoine, c'est insaisissable. On ne peut pas se faire justice.»

Gilles Vézina était le supérieur direct des ingénieurs Gilles Surprenant et Luc Leclerc, qui ont tous deux admis avoir empoché chacun pour plus d'un demi-million en pots-de-vin. L'entrepreneur Joe Borsellino a notamment affirmé cette semaine lui avoir versé un «petit» pot-de-vin en argent comptant. Un document déposé en preuve permet également de constater que le président de Garnier et le fonctionnaire se téléphonaient fréquemment. Leur dernière conversation remonte au 31 août 2011.

Quant au 4e fonctionnaire mentionné par Lino Zambito, Michel Paquette, la vérification n'a pas permis de prouver des irrégularités dans son travail. Sa suspension, décrétée au début du mois d'octobre, a donc pris fin jeudi et il sera réintégré sous peu. Impossible pour l'instant de savoir s'il sera de nouveau affecté à la surveillance des chantiers.

Montréal ne rendra pas publics les détails précis des faits reprochés aux trois hommes sanctionnés, les employés pouvant contester leur sanction. Montréal espère que ces mesures disciplinaires enverront un message aux autres employés. «On prend les choses au sérieux. Pour nous, c'est tolérance zéro», dit Jean-Yves Hinse.

Le Syndicat des professionnels municipaux de Montréal déplore toutefois que les fonctionnaires soient les seuls à faire les frais de la Commission pour l'instant. «C'est injuste pour les employés. Ça fait des années qu'ils se font geler leur salaire, mettre sous le nez leur caisse de retraite, alors qu'on voit aujourd'hui que des fraudeurs s'en sont mis plein les poches», déplore la chef syndicale, Gisèle Jolin. Celle-ci estime que la Ville doit rapidement s'attaquer au coeur du problème soulevé par la Commission: rebâtir l'expertise interne. «Il ne faut plus qu'on soit à la merci de l'expertise d'un seul employé ou de l'externe.»

 

Quant au 4e fonctionnaire mentionné par Lino Zambito, Michel Paquette, la vérification n'a pas permis de trouver d'irrégularités dans son travail. Sa suspension qui durait depuis le début d'octobre a donc pris fin hier et il sera réintégré sous peu à son poste, a annoncé la Ville par voie de communiqué.

Montréal ne rendra pas publics les détails des faits reprochés aux trois hommes sanctionnés, les employés pouvant toujours contester leur sanction.

Gilles Vézina était le supérieur direct des ingénieurs Gilles Surprenant et Luc Leclerc. Les deux ont admis avoir empoché chacun pour plus d'un demi-million en pots-de-vin, le premier pour gonfler le coût des travaux de construction, le deuxième pour gonfler les extras empochés par les entrepreneurs.

Gilles Vézina s'est défendu de toute malversation durant son passage devant la Commission. De nouveaux éléments ont toutefois fait surface après son témoignage. L'entrepreneur Joe Borsellino a affirmé cette semaine avoir versé un «petit» pot-de-vin en argent comptant à une occasion à M. Vézina. Un document déposé en preuve devant la Commission permet également de constater que le président de Garnier et le fonctionnaire se téléphonaient fréquemment. Leur dernière conversation remonte au 31 août 2011. Autre élément, Vézina a participé le 1er février 2007 à une rencontre avec Paolo Catania et Nicolo Milioto au club privé 357c.

Surveillant de chantier, François Thériault s'était lui aussi défendu de toute malversation devant la Commission. Après son passage, il avait toutefois été arrêté pour parjure, puisqu'il n'a pas mentionné qu'il aurait bénéficié d'un rabais 30 000$ sur la construction de sa maison, gracieuseté de l'entrepreneur Paolo Catania, de Catcan.

Quant à Yves Themens, son relevé téléphonique présenté à la Commission démontre qu'il avait de fréquents échanges avec divers entrepreneurs. La compagnie de Zambito, Infrabec, aurait également payé un voyage, du moins en partie, à M. Themens.

Blanchi d'irrégularités durant son travail, Michel Paquette avait pour sa part reconnu devant la Commission avoir mangé à l'occasion au restaurant avec certains entrepreneurs et reçu quelques bouteilles de vin. «C'était une culture d'entreprise», avait-il expliqué.

Photo La Presse Canadienne

Michel Paquette