La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) a commandé en janvier une première étude approfondie sur les impacts positifs et négatifs de divers scénarios de péage routier, qui omet toute référence à une possible tarification des ponts autour de l'île.

Selon un document obtenu lundi par La Presse, le mandat d'étude prévoit l'analyse de deux types de tarification routière, soit l'implantation d'un péage-cordon autour du centre-ville de Montréal ou d'un péage au kilomètre parcouru qui s'appliquerait à Montréal et dans les banlieues éloignées, jusqu'à Saint-Jean-sur-Richelieu, Vaudreuil-Dorion, Saint-Jérôme et L'Assomption.

Curieusement, la formule d'un «péage de congestion», qui serait limité aux ponts qui ceinturent Montréal et qui ne serait en vigueur que pendant les heures de grande affluence, ne fait pas partie des scénarios envisagés dans la proposition de service originale du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO), que La Presse a obtenue.

Selon nos sources, il ne s'agit pas d'un oubli, mais d'une concession faite aux maires des banlieues, qui s'opposent à une tarification des ponts, dont leurs commettants seraient les principaux contributeurs.

Le choix définitif des options de tarification faisant l'objet de l'étude sera déterminé par un comité de travail technique mixte de la CMM et du CIRANO. La CMM se serait réservé le droit d'ajouter d'autres options de péage au mandat du CIRANO.

Le rapport est attendu pour le 30 juin.

Première recherche

La recherche sera menée sous la direction de Claude Montmarquette, président du CIRANO. Cet économiste de renom a dirigé il y a quelques années les travaux d'un groupe de travail gouvernemental sur la tarification, où il était question des péages pour la région de Montréal, mais aussi pour l'ensemble des routes du Québec.

Le rapport Montmarquette recommandait que le ministère des Transports du Québec (MTQ) entreprenne dès maintenant des études «complètes et rigoureuses» sur la possibilité de tarifer les automobilistes en fonction de leur utilisation du réseau routier, par kilomètre parcouru. Il recommandait également que soit étudié, «de façon approfondie», un système de «péage urbain autour de l'île ou de l'agglomération de Montréal».

C'était en mars 2008. Si le MTQ a réalisé les études recommandées, elles n'ont jamais été rendues publiques. Et si la possibilité d'implanter un péage routier a fait l'objet de bien des débats dans la région métropolitaine depuis la publication du rapport Montmarquette, aucune étude approfondie n'avait encore été commandée, avant le 24 janvier dernier, par une administration publique pour en évaluer les avantages et les impacts.

La direction de la CMM a alors approuvé une dépense de 61 630$ «pour la réalisation d'une étude sur la tarification routière dans la région de Montréal».

Impacts économiques

L'objectif principal de l'étude du CIRANO sera de présenter les différentes options de tarification routière qui s'offrent à la CMM.

La décision du gouvernement fédéral d'implanter un péage pour le pont qui remplacera d'ici 2021 le pont Champlain, entre Montréal et la Rive-Sud, devra être intégrée à l'analyse des différents scénarios étudiés.

Les chercheurs devront de plus déterminer «les principaux impacts positifs et négatifs des différentes options de tarification routière, incluant leurs impacts sur les déplacements, économiques et financiers, ou environnementaux».

Même si la question des péages routiers fait ponctuellement surface dans l'actualité depuis des années, la position de la CMM, en tant qu'entité régionale, a toujours été pour le moins ambiguë.

L'an dernier, à l'occasion d'une consultation publique menée par la Commission des transports de la CMM, une nette majorité des banlieusards - et des élus municipaux des banlieues - avaient exprimé leur opposition envers toute forme de tarif routier. Une seule formule de péage avait trouvé grâce aux yeux de certains: le «péage-cordon» qui ceinturerait uniquement le centre-ville de Montréal, mais pas l'ensemble de l'île.

À Montréal, le responsable des dossiers de transports dans l'administration Applebaum, Réal Ménard, a publiquement réaffirmé dimanche que «la Ville favorise l'implantation d'un péage métropolitain» afin de financer des projets de transports collectifs dont les coûts ont été évalués à 23 milliards.