Le remue-ménage à la Ville de Laval a ses conséquences: la firme de notation Standard&Poor's a abaissé d'un cran la perspective de la cote de crédit de la municipalité, source de fierté de l'ancien maire Gilles Vaillancourt.

La nouvelle, passée totalement inaperçue, a été annoncée par l'agence new-yorkaise le 15 novembre. La municipalité conserve une excellente note, soit AA-, mais les récents événements incitent l'agence à faire passer la perspective de cette note de crédit de positive à stable. Un tel changement est significatif.

«Le 13 novembre, écrit l'agence, la province a mandaté un vérificateur pour réviser les pratiques administratives de la Ville, principalement reliée à l'octroi des contrats municipaux, aux transactions immobilières et à la planification.»

«Laval a subséquemment annoncé qu'il reportait la nomination d'un maire intérimaire, poursuit l'agence. Bien que nous reconnaissions la capacité de l'administration à implanter les décisions du conseil, nous croyons que ces événements ont altéré le climat politique historiquement stable de la Ville et pourraient retarder certaines des priorités du conseil.»

Jusqu'ici, les bulletins de Standard&Poor's faisaient l'objet de communiqués de la Ville de Laval et d'articles dans les journaux. Lors de sa démission, le 9 novembre, Gilles Vaillancourt a d'ailleurs évoqué les louanges de Standard&Poor's au sujet des finances de la Ville. Or, une semaine plus tard, l'agence a abaissé la cote de la municipalité.

Rappelons que, depuis le début du mois d'octobre, l'escouade Marteau a fait neuf vagues de perquisitions à Laval relativement aux pratiques administratives de la Ville. Les perquisitions ont eu lieu à l'hôtel de ville, mais également dans les résidences de l'ex-maire Vaillancourt et aux bureaux des firmes de génie-conseil et de construction qui font affaire avec la municipalité.

Standard&Poor's conserve une grande confiance envers les finances de la municipalité. «La notation de Laval reflète ce que Standard&Poor's considère comme une performance budgétaire supérieure, des perspectives de croissance économique au-dessus de la moyenne et un niveau de liquidité robuste», écrit l'agence.

Standard&Poor's note tout de même que le fardeau de la dette de la ville est plus élevé que celui de ses pairs, soit l'équivalent de 91% de ses revenus d'exploitation consolidés. Les frais d'intérêt sur la dette s'élèvent à 7,2% des revenus. «Le fardeau de la dette élevé et l'incertitude sur le leadership sont des facteurs contraignants pour la notation», écrit l'agence.

Laval conserve l'une des meilleures notes de crédit au Québec, à AA- stable. La Ville de Montréal et le gouvernement du Québec ont des notes plus faibles, soit A" stable.

À la Ville de Laval, Nadine Lussier fait remarquer qu'un des éléments pris en considération par Standard&Poor's pour réviser sa note était le fait qu'il n'y avait plus de maire. Or, depuis, Laval en a nommé un en la personne d'Alexandre Duplessis.