Les élus devraient-ils renoncer à leur salaire s'ils touchent des prestations de retraite? Le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, a jeté un pavé dans la mare hier pour dénoncer la sortie de Vision Montréal, qui souhaite revoir les cotisations payées par tous les élus municipaux du Québec.

La chef de l'opposition, Louise Harel, a écrit hier au ministre des Affaires municipales pour réclamer un changement à la loi qui fixe la contribution des élus à leur caisse de retraite. Actuellement, leurs cotisations équivalent à seulement 25% des coûts du régime, et les villes paient les 75% restants.

Or, à l'heure où les municipalités demandent d'importantes concessions à leurs employés, la moindre des choses serait de donner l'exemple en cotisant à parts égales, plaide Mme Harel.

Richard Bergeron approuve l'idée, mais il estime que sa rivale est mal placée pour faire la leçon. «Je suis outré que des gens qui touchent de très gros montants dans des régimes de retraite et qui gagnent près de 100 000$ en revenus dans leurs fonctions actuelles osent aller sur la place publique avec ce sujet», a dénoncé Richard Bergeron lors d'un point de presse.

Le chef de la deuxième opposition précise que Mme Harel n'est pas la seule à toucher une double rémunération: «On a un groupe d'élus qui nous viennent de Québec ou d'Ottawa, comme si Montréal était une maison de retraite pour politiciens désoeuvrés, et qui touchent une pleine retraite en plus de leur salaire. Je suis outré!»

À Vision Montréal, on assure qu'il ne s'agit pas de double rémunération, comme dans le cas du ministre Jean-François Lisée, qui a dû renoncer cette semaine au salaire que lui verse l'Université de Montréal. Une porte-parole souligne que les retraités ont cotisé toute leur vie à leur régime de retraite et ont le droit d'en bénéficier après avoir franchi le cap de la soixantaine.

Fait intéressant à noter, le prédécesseur de Mme Harel à la tête de Vision Montréal, Pierre Bourque, avait renoncé à son salaire lorsqu'il avait élu maire de Montréal, en 1994. Satisfait de la rente annuelle de 72 500$ qu'il touchait à titre de retraité de la Ville de Montréal, il avait remis en deux mandats 700 000$ à une fondation pour la jeunesse. Lors de l'élection de 2005, Pierre Bourque avait de nouveau promis de verser son salaire à une fondation, cette fois pour venir en aide aux sans-abri.