Après 23 ans sous le règne de Gilles Vaillancourt, Laval a un nouveau maire, le sixième de sa courte histoire: Alexandre Duplessis.

Il a été élu au cours d'une assemblée extraordinaire du conseil, par 15 voix contre 3 pour son adversaire, le conseiller Jacques Saint-Jean. Deux bulletins ont été rejetés.

D'entrée de jeu, M. Duplessis a promis «une nouvelle ère» à Laval, «plus moderne, plus ouverte, plus démocratique». Il a annoncé une «transformation de l'appareil municipal» et il donnera au directeur général le mandat de «mettre en place des moyens de contrôle plus poussés pour contrer toute forme de manipulation, de corruption et de collusion».

Le conseiller du district de Saint-Martin est vu comme le dauphin de Vaillancourt, qu'il a décrit comme son «mentor» il y a quatre ans. Il était le candidat désigné à la succession par le comité exécutif.

Il a assuré hier qu'il n'a rien vu de répréhensible lorsqu'il siégeait à cette instance. Laval a confié cette semaine à la Sûreté du Québec un dossier suspect, a-t-il annoncé. «Tout dossier de même nature qui sera porté à mon attention suivra le même chemin», a-t-il indiqué.

Le nouveau maire a promis «une nouvelle dynamique» au sein du conseil municipal, qui est maintenant constitué d'élus indépendants depuis la dissolution de la formation de l'ex-maire Vaillancourt, le Parti du ralliement officiel (PRO) des Lavallois. Les réserves financières de 950 000$ seront envoyées au Directeur général des élections, qui les redonnera après vérification à la Ville de Laval, a déclaré le maire.

Il dispose en outre de huit jours pour former son propre comité exécutif.

«Un clone de Vaillancourt»

L'opposition lavalloise a accueilli ces engagements avec scepticisme. «Vous pouvez enlever les patchs d'un Hells, ça reste un Hells, estime Robert Bordeleau, chef du Parti au service du citoyen. C'est la continuation du PRO de Gilles Vaillancourt.»

Du côté du Mouvement lavallois, le porte-parole Emilio Migliozzi estime qu'Alexandre Duplessis «est un clone de Vaillancourt». «Après 13 ans, ils décident qu'ils veulent du changement, mais qu'ont-ils fait tout ce temps? Ça me rend fou, c'est sans précédent. Je n'ai aucune confiance en eux: on change la soupe, mais on garde les mêmes ingrédients.»

Son co-porte-parole, l'ancien policier Marc Demers, croit que M. Duplessis a «scrappé sa crédibilité» en affirmant n'avoir rien vu de louche durant toutes ces années. «Les manchettes dans les journaux auraient dû au moins éveiller leurs soupçons.»

Comptable de profession

Alexandre Duplessis, âgé de 42 ans et père de deux enfants, est conseiller municipal depuis 2005. Il a repris vers la fin des années 90

l'entreprise familiale de transport par autobus, devenue une division du groupe Galland. Comptable de profession, il est titulaire d'un baccalauréat en sciences comptables. Il est actuellement directeur du développement de l'entreprise EBI Énergie. Il a aussi travaillé à Trandev Canada et à l'Agence métropolitaine de transport.

Au conseil municipal de Laval, il a été responsable des dossiers de l'immigration, du sport et de la jeunesse.

Le poste de maire de Laval était vacant depuis la démission de Gilles Vaillancourt, le 9 novembre. Ciblé par plusieurs perquisitions policières, qui ont visé ses deux résidences et ses coffrets de sûreté, celui qu'on avait surnommé le roi de Laval avait pris une période de «repos et de réflexion» à la fin du mois d'octobre.