Le député libéral Denis Coderre a choisi de faire durer le suspense hier, en se limitant à dire qu'il envisageait de se présenter comme maire de Montréal, mais sans annoncer formellement sa candidature pour succéder à Gérald Tremblay.

M. Coderre avait pourtant fait monter les attentes depuis plusieurs mois, en indiquant qu'il aurait des choses importantes à annoncer le 9 novembre, lors de son souper spaghetti annuel dans sa circonscription de Bourassa.

Plus de 1000 personnes et plusieurs journalistes s'étaient rendus hier soir au Centre de banquets Renaissance, à Anjou, pour ce souper qui célébrait cette année son 15e anniversaire à titre de représentant de la circonscription du nord de l'île de Montréal à la Chambre des communes.

Or, les propos tenus par M. Coderre hier ont repris en substance les signes d'intérêt qu'il envoie depuis plusieurs mois. «Je veux vous dire aujourd'hui que j'envisage d'être candidat à la mairie aux élections de 2013», a-t-il déclaré, déclenchant une ovation debout des personnes présentes.

La semaine dernière à Ottawa, il avait confirmé qu'il renonçait à briguer la direction du Parti libéral du Canada. «J'ai déjà dit que ce serait la chefferie ou la mairie. Et je vous dis que ce ne sera pas la chefferie», avait-il déclaré du même souffle.

Il avait alors promis de rester député libéral de Bourassa jusqu'à avril prochain, lorsque le PLC se choisira un nouveau chef.

Les déclarations d'hier soir s'inscrivent en droite ligne avec cette dernière décision. «Je suis un député, a expliqué M. Coderre en point de presse après son discours. Je ne peux pas dire une chose à Ottawa la semaine dernière et une autre affaire à Montréal.»

Il a affirmé que les révélations qui éclaboussent ces jours-ci la politique municipale n'avaient rien à voir avec sa décision de rester député jusqu'au mois d'avril. Lors d'une entrevue au mois d'août à TVA, il avait pourtant déclaré: «Il y a énormément de gens, notamment sur les médias sociaux, qui mentionnent mon nom en disant que je deviendrai l'alternative. Je leur ai promis de leur faire part de ma décision d'ici la fin de l'année. Mais il va y avoir un moment important le 9 novembre, qui est mon souper spaghetti. Je veux réunir les gens que j'aime dans mon comté. Et à ce moment-là, il pourrait y avoir des éléments de réponse».

Hier en point de presse, M. Coderre a dit qu'il ne voyait pas la «pertinence» d'annoncer ses intentions pour Montréal avant le 14 avril, et que si un jour il décidait de se lancer dans la campagne à la mairie, ce ne serait pas sous la bannière d'Union Montréal, le parti de l'ex-maire Tremblay éclaboussé par les scandales.

Dans l'attente, a-t-il promis, il ne portera pas le double chapeau de député et de candidat: «Je peux peut-être un jour envisager d'être maire, mais je ne jouerai pas à la belle-mère, a-t-il lancé. Je ne serai pas futur maire ou maire en attendant. Je vous ai dit que je vais être député à plein temps. Parce que si on parle d'éthique, on ne peut pas avoir un salaire de député et faire campagne à la mairie en même temps.»

Les thèmes de l'éthique et de la corruption sont revenus à quelques reprises dans son discours, prononcé le jour même de la démission du maire de Laval, Gilles Vaillancourt, et quatre jours après celle du maire de Montréal, Gérald Tremblay.

«Aujourd'hui, Montréal est blessé. Les Montréalais sont blessés. Aujourd'hui, c'est le temps d'être à l'écoute de ses citoyens qui doutent, qui sont en colère et qui ont perdu confiance en cette magnifique métropole.»

Il s'est néanmoins porté à la défense des fonctionnaires et des politiciens. «Il y a une Commission, il y a un travail qui va se faire. Ceux qui ont fourré le système, ils paieront pour.»

Des politiciens d'Ottawa, de Québec et de la région de Montréal s'étaient déplacés pour l'occasion. «Peu importe la décision finale que je prendrai, je vous aime», a lancé Denis Coderre vers la fin de son discours.

Un Montréalais sur trois serait prêt à faire du député de Bourassa son maire aux élections de novembre 2013, selon un sondage CROP publié par La Presse il y a trois semaines.