Pour la deuxième fois en moins d'un mois, le métro de Montréal a été la scène d'une querelle linguistique. Lundi dernier, une cliente anglophone et une employée de la Société de transport de Montréal (STM) en seraient même venues aux mains.

Mina Barak prend quotidiennement le métro à la station De La Savane, sur la ligne orange. Lundi dernier, vers 13h, la femme de 23 ans a voulu acheter un billet à une machine distributrice, laquelle a pris son argent sans lui délivrer son billet.

Elle a fait part de la situation, en anglais, à la préposée de la STM. Une dispute a aussitôt éclaté. L'agente lui aurait crié «Go back to your county» (Retourne dans ton pays) et «In Quebec, we can only speak French» (Au Québec, on peut seulement parler français), selon le quotidien The Gazette.

Choquée, Mme Barak a porté plainte à la STM. Quand ce fut fait, elle a déclaré à l'employée: «I'm going to make sure you're going to lose your job for what you said to me» (Je vais m'assurer que vous perdiez votre emploi pour ce que vous m'avez dit).

À ces mots, l'agente est sortie de sa cabine, a pris Mina Barak par la tête et les cheveux et l'a rouée de coups. Trois témoins ont assisté à la scène.

«Je n'ai pas vu l'incident qui a précipité la violence. Je suis sorti du métro et, quand j'ai monté l'escalier, j'ai vu la préposée de la STM sortir de son kiosque et attaquer la femme, a raconté à La Presse Jamie Salomon, un des témoins. J'ai crié, j'ai cogné sur des trucs en métal pour attirer l'attention des deux femmes qui se battaient, mais elles m'ont ignoré.»

Jamie Salomon n'arrive toujours pas à croire ce qui s'est passé. Selon lui, la station De La Savane est la plus tranquille de tout le réseau.

Quelques minutes plus tard, la police s'est présentée sur les lieux. Mina Barak, qui se plaignait de forts maux de tête, a été conduite à l'Hôpital général de Montréal.

«On parle de blessures mineures, et non de blessures sérieuses, assure Raphaël Bergeron, du Service de police de la Ville de Montréal. Une enquête est en cours.»

Autre version

Il ne s'agit pas du premier accrochage entre la STM et ses usagers. Le 3 octobre dernier, une cliente a porté plainte contre un employé de la station Villa-Maria parce qu'il avait placé dans la vitre de son guichet une affichette qui disait: «Au Québec, c'est en français que ça se passe!»

Marianne Rouette, porte-parole de la STM, n'a pas souhaité commenter l'incident et veut «laisser les gens faire leur travail». Elle a simplement indiqué qu'il y avait des versions contradictoires des faits.

«Mais si le comportement se révèle véridique, c'est inadmissible. La personne sera rencontrée et des mesures appropriées seront prises.»

La STM applique une politique de tolérance zéro en matière de discrimination, et tous les employés doivent respecter un code de conduite précis.