Denis Coderre consolide sa position d'aspirant favori à la mairie de Montréal. Un Montréalais sur trois se dit prêt à faire du député fédéral son maire aux élections de novembre 2013, révèle un sondage CROP-La Presse.

Le maire Gérald Tremblay sort pour sa part grandement affaibli par cette semaine de révélations à la commission Charbonneau, selon notre coup de sonde mené mercredi et jeudi auprès de 831 Montréalais. Véritable camouflet, pas moins de 9 personnes sur 10 espèrent ne pas voir son nom figurer sur le bulletin de vote, le 3 novembre 2013. Près de la moitié d'entre eux (43%) voudraient même le voir partir immédiatement.

La popularité du maire est à son plus bas. S'il décidait de se présenter de nouveau, à peine 7% des électeurs disent vouloir voter pour lui. «Je n'ai jamais vu ça. Un total de 7%, c'est presque une marge d'erreur. C'est extrêmement faible, surtout pour un maire sortant qui jouit d'une telle notoriété. Les gens le connaissent, mais ne l'appuient pas», constate Youri Rivest, vice-président chez CROP.

Ce résultat marque un nouveau creux pour le maire, lui qui récoltait 16% des intentions de vote en avril 2011 dans un sondage Angus Reid.

Autre signe de la désaffection des électeurs, 42% de ceux qui admettent avoir voté pour Gérald Tremblay dans le passé disent aujourd'hui regretter de l'avoir fait.

Selon Youri Rivest, les résultats du sondage semblent démontrer une grande résignation chez les Montréalais. Tout près d'une personne sur deux dit ne pas savoir pour qui voter, ne pas vouloir voter ou être prête à voter pour n'importe quel autre parti que ceux en place à l'hôtel de ville. «Ça dénote un grand désir de changement. Les gens veulent une grande rupture avec l'administration précédente», analyse le sondeur.

Pour l'après-Tremblay, Denis Coderre part avec une bonne longueur d'avance. «Mais les jeux ne sont pas encore faits», prévient toutefois Youri Rivest.

Le sondeur souligne que la candidature de Denis Coderre est encore théorique, car celui-ci doit annoncer le 9 novembre s'il brigue la direction du Parti libéral du Canada ou s'il se présentera à la mairie de Montréal en 2013. «François Legault allait très bien tant que son parti était virtuel, mais quand il a fondé son parti, il est tombé dans le réel et a baissé», souligne le vice-président de CROP.

À un mois de la décision de Coderre, le quart des répondants (26%) souhaitent voir le député fédéral de Bourassa remplacer Gérald Tremblay à la tête d'Union Montréal. Dans les couloirs de l'hôtel de ville, plusieurs murmurent toutefois que l'élu préférerait ne pas s'associer au parti du maire, entaché par plusieurs scandales.

Plusieurs croient que, en se présentant seul ou à la tête d'une nouvelle formation, Denis Coderre pourrait rallier autour de lui suffisamment d'élus de la majorité et de l'opposition pour se forger une confortable majorité au conseil municipal.

Mais même en prenant la tête d'Union Montréal, Denis Coderre remporterait la mise, selon CROP. En remplaçant Gérald Tremblay, il obtiendrait le tiers (32%) des intentions de vote devant les deux autres partis en place. Ses adversaires annoncés, Louise Harel de Vision Montréal et Richard Bergeron de Projet Montréal, ne feraient pas le poids, en recueillant chacun l'appui de 1 Montréalais sur 10 (respectivement 12% et 11%).

La part des indécis et abstentionnistes est toutefois très élevée, à 46%. Cette donnée n'est pas étonnante puisque le taux de participation aux élections municipales est toujours faible en comparaison de celui des élections provinciales et fédérales. À peine 39% des Montréalais avaient voté en 2009 et 35% en 2005.

Chez les autres aspirants potentiels, Gilles Duceppe et Liza Frulla font bonne figure, mais leur candidature ébranlerait beaucoup moins celle de Richard Bergeron et de Louise Harel. Fait à souligner, l'arrivée de l'ancien chef du Bloc québécois ferait surtout mal à la chef de Vision Montréal, signe que les deux se partageraient le vote des souverainistes, selon M. Rivest.

Les autres candidatures soumises aux répondants, Michael Fortier, André Boisclair et John Parisella, peineraient pour leur part à s'imposer devant les deux chefs de l'opposition siégeant à l'hôtel de ville.

Dans l'éventualité où Gérald Tremblay se présentait de nouveau, sa candidature profiterait surtout à Richard Bergeron et à Louise Harel. Les deux se retrouveraient catapultés à l'avant de la course à la mairie, avec respectivement 24% et 22% des intentions de vote. «La bataille entre les deux serait serrée. Ni l'un ni l'autre n'est un champion en ce moment», constate Youri Rivest.

Le sondage permet de constater que les appuis de Richard Bergeron se concentrent dans le centre et l'Ouest-de-l'Île. Louise Harel, quant à elle, fait surtout le plein dans l'Est.

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Candidats potentiels au remplacement de Gérald Tremblay à la tête d'Union Montréal

Denis Coderre: 26%

Gilles Duceppe: 14%

Luza Frulla: 8%

John Parisella: 5%

André Boisclair: 4%

Michael Fortier: 2%

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Méthodologie

Le sondage CROP-La Presse a été mené du 3 au 4 octobre au moyen d'un panel web de 831 personnes. Les résultats ont été pondérés pour refléter la distribution de la population adulte de Montréal. En raison du caractère non probabiliste de cet échantillon, le calcul de la marge d'erreur ne s'applique pas.