Elles ne figurent pas dans les dépliants du Biodôme, personne ne paie pour les voir, mais elles sont là depuis l'inauguration du zoo, en 1992. Souris, blattes et fourmis se sont invitées dans des milieux parfaits pour elles et forcent l'établissement à recourir régulièrement à des entreprises de désinfection (exterminateurs).

Un nouvel appel d'offres a d'ailleurs été publié le 1er octobre dernier, pour un contrat de quatre ans. Le défi est de taille dans ce qui est décrit comme un «équipement scientifique complexe» comprenant cinq écosystèmes différents, de la forêt tropicale humide au climat polaire.

«À peu près tous les zoos et aquariums sont aux prises avec ce problème, indique Rachel Léger, directrice de l'établissement. Ce n'est pas vraiment une invasion, mais il faut les contrôler. Pour le confort des visiteurs, mais surtout pour la santé de nos animaux.»

Le «paradis» des souris

La forêt tropicale, par exemple, compte une petite population de souris que la directrice qualifie joliment de «résidantes». «C'est le paradis, pour elles: il y fait chaud et elles trouvent à se nourrir. On sait qu'elles sont là, on en attrape une de temps en temps. On considère que cette population est contrôlée.»

Le danger provient plutôt des souris «sauvages», qui proviennent de l'extérieur et peuvent transmettre des maladies aux animaux du Biodôme. Elles sont notamment le vecteur d'un virus mortel pour les primates.

«C'est tout un défi de les attraper, explique Mme Léger. On ne peut évidemment pas mettre de pièges dans les écosystèmes, nos propres animaux pourraient être attrapés.» L'appel d'offres précise que le contrôle de ces rongeurs est «le point focal» du travail d'extermination au Biodôme. On demande de maintenir un réseau de pièges à l'extérieur et à l'intérieur du bâtiment et d'utiliser des pièges mécaniques «protégés» dans les écosystèmes.

Mouches contre fourmis

Quant aux insectes, plus précisément les blattes et les fourmis «qui requièrent une attention régulière au Biodôme», on veut les éliminer par des méthodes standard - appâts, pulvérisation, pièges. Dans les écosystèmes, par contre, on préfère utiliser la lutte biologique. «Dans le cas des fourmis de feu présentes dans la forêt tropicale, on introduit un insecte qui va lutter contre elles», précise la directrice. Les mouches Phoridae, notamment, sont utilisées dans toute l'Amérique du Nord pour combattre les fourmis de feu, qu'elles parasitent pour pondre leurs oeufs.

L'entreprise de désinfection devra aussi «éliminer les pigeons ou autres oiseaux» qui pourraient nicher dans la structure du bâtiment ou se retrouver à l'intérieur. «C'est arrivé une fois, un pigeon avait réussi à se faufiler, raconte Mme Léger. Ç'a été toute une aventure de l'attraper.»

L'appel d'offres étant en cours, elle refuse de préciser la somme prévue pour ce travail. On sait toutefois que, en vertu des règles d'attribution des contrats de la Ville, il s'agit d'une somme de plus de 100 000$, «pour quatre années», ajoute la directrice. L'entreprise choisie devra notamment assurer la présence d'un employé chargé de la désinfection pendant au moins huit heures chaque semaine.