Union Montréal pourrait avoir reçu près de 1,7 million de dollars de l'entrepreneur Lino Zambito, qui a affirmé devant la commission Charbonneau avoir remis au parti du maire 3% de la valeur des contrats qu'il a obtenus avec la Ville. Le parti pourrait avoir encaissé jusqu'à 15 millions si les autres entreprises qui gravitaient autour du club Consenza en ont versé autant.



L'homme d'affaires a révélé vendredi qu'il versait 2,5% de la valeur de ses contrats au clan Rizzuto. Il a ajouté lundi qu'une autre tranche lui a été demandée à partir de 2005 pour contribuer au parti de Gérald Tremblay, Union Montréal. Selon le rapport du vérificateur général de Montréal, l'entreprise de M. Zambito, Constructions Infrabec, a obtenu des contrats d'une valeur de 55,1 millions de 2006 à 2009.

Lino Zambito n'a pas précisé si tous les entrepreneurs qui auraient participé à ce cartel devaient aussi contribuer au parti du maire. Si c'est le cas, le parti aurait pu recevoir jusqu'à 15 millions durant ces quatre années.

Parmi les 74 entreprises aperçues par la Gendarmerie royale du Canada près du club Consenza, où se réunissait le clan Rizzuto, huit figuraient parmi les plus importants fournisseurs de la Ville de Montréal. De 2006 à 2009, ces firmes ont décroché ensemble pour 490 millions en contrats. Une contribution de 3% de chacune d'elles aurait ainsi permis de faire entrer 3,8 millions par an dans les coffres du parti du maire.

Impossible de savoir pour l'instant si la contribution décrite par Lino Zambito était intégrée aux dons officiels du parti ou si elle servait à alimenter une caisse occulte. Jacques Duchesneau, ex-directeur de l'Unité anticollusion, a en effet indiqué au printemps devant la commission Charbonneau que des partis avaient une double comptabilité.

Dans ses états financiers, Union Montréal rapporte avoir encaissé pour 2,9 millions en dons de 2006 à 2009 - loin des 15 millions qu'une ponction de 3% sur les contrats municipaux lui aurait permis de toucher.

Les états financiers d'Union Montréal permettent également de constater que ses dons ont considérablement diminué depuis 2010. Rappelons que les scandales sur l'industrie de la construction ont commencé à faire surface à l'automne 2009 et que la Ville a suspendu l'attribution des contrats pour en resserrer les règles en 2010.

À Union Montréal, on souligne que les noms des entrepreneurs filmés au Consenza en train de manipuler des liasses d'argent ne figurent pas sur leur liste de donateurs. Il faut toutefois préciser qu'aucun d'eux n'habite la métropole. Ils n'étaient donc pas autorisés à contribuer légalement.

Le nom de Nicolo Milioto, décrit comme l'intermédiaire entre les entreprises et le clan Rizzuto, et qui habite à Laval, ne se trouve donc pas sur la liste. Même chose pour Lino Zambito, qui résidait à l'époque à Sainte-Thérèse. On constate toutefois que quelques membres de la famille Zambito, domiciliés à Montréal, ont offert plus de 17 500$ de 2005 à 2011.