Gérald Tremblay persiste et signe: le financement de son parti, Union Montréal, s'est toujours fait «dans les règles de l'art».



«Cette rumeur du 3% circule depuis un moment, ce n'est pas nouveau, a déclaré le maire de Montréal lors d'un point de presse très couru à l'hôtel de ville. J'ai vérifié, j'ai posé des questions à mon agent officiel, on m'a assuré qu'il n'y avait pas de financement illégal dans mon parti politique.»

Le Directeur général des élections du Québec n'a jamais relevé d'irrégularités dans les rapports financiers d'Union Montréal, a-t-il rappelé. Même son de cloche du côté du directeur général du parti, Richard Mimeau, qui précise que même les dons anonymes acceptés jusqu'en 2009 sont comptabilisés.

«Il y a un audit qui est fait chaque année, a-t-il déclaré à La Presse. Il y a ensuite les vérifications de la Ville. Le DGEQ a vérifié tous nos livres; on n'a jamais eu de problèmes.»

Une commission «souhaitée»

Le maire Tremblay a assuré avoir «la conscience en paix» et avoir pleine confiance en l'administration qu'il dirige. Il a cependant tenu à mettre en contexte les déclarations de Lino Zambito. «Il est un témoin, il y en aura d'autres. Je ne peux pas toujours répondre à des allégations. Attendons les conclusions et les recommandations de la Commission avant de porter un jugement de quelque nature que ce soit sur les affirmations d'une personne.»

Il a rappelé que le conseil municipal de Montréal a demandé à deux reprises, à l'unanimité, la mise en place d'une commission d'enquête sur la collusion et la corruption dans l'industrie de la construction. «J'ai souhaité la commission Charbonneau pour que toute la lumière soit faite sur ces allégations. J'espère qu'on trouvera des réponses à toutes les questions qui sont posées.»

Le «temps de la démission»

Les deux chefs de l'opposition montréalaise sont d'accord: Gérald Tremblay n'a plus la crédibilité nécessaire pour être maire et doit démissionner.

«Le temps de l'innocence est révolu, le temps de l'aveuglement volontaire est révolu, le temps de la démission de Gérald Tremblay est arrivé, a déclaré la chef de Vision Montréal, Louise Harel. Il a perdu toute crédibilité pour gouverner, avec toutes les enquêtes qui se sont multipliées. Il a perdu maintenant sa légitimité.»

La voix vibrante, la chef de l'opposition officielle a affirmé se faire la porte-parole de la «colère des Montréalais qui ont honte de leur maire». Elle a rappelé que son parti a déposé la semaine dernière une autre motion demandant la tenue d'une enquête administrative, à l'image de celle à laquelle a procédé Jacques Duchesneau au ministère des Transports du Québec.

Le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, a souligné avec ironie que «la taxe Union Montréal était même supérieure à la taxe mafia... Faut quand même le faire». Lors de son témoignage la semaine dernière, M. Zambito avait révélé qu'il versait 2,5% de la valeur des contrats à la mafia, contre 3% destinés à Union Montréal.

«La boucle est bouclée, entre financement politique, entrepreneurs en construction et la mafia», estime M. Bergeron. Le maire ne peut rester en poste encore 13 mois, estime-t-il, puisqu'il se retrouverait dans une situation «intolérable». «Qu'on aille en élection partielle et que le ménage se fasse enfin à l'hôtel de ville.»

Pas question de se plier à la demande de l'opposition, a répliqué le maire Tremblay. «Je n'ai pas l'intention de démissionner, au contraire. C'est une période que j'ai souhaitée qui va faire la lumière sur toutes ces allégations de corruption et de collusion dans l'industrie de la construction. Laissons la commission faire son travail.»