L'année 2012 ne sera pas celle de la rentabilité pour BIXI. Les profits promis de 10 millions ne seront pas au rendez-vous, en raison du report des commandes de deux importants clients américains, a annoncé son président, Roger Plamondon.

«Il n'y a eu aucune annulation, seulement des reports, a-t-il précisé en entrevue à La Presse. L'an prochain, on aura plus de revenus.»

La Société de vélo en libre-service (SVLS), qui gère BIXI, fera une croix cette année sur la vente des

6000 vélos destinés à Chicago ainsi que sur 3000 des 10 000 vélos destinés à New York. Ces deux contrats devaient rapporter 67 millions à l'entreprise, qui pourrait boucler l'année 2012 avec un bilan «un peu négatif», convient M. Plamondon.

Celui-ci a rencontré les médias jeudi pour la présentation des états financiers de l'année 2011, attendus depuis plusieurs mois. Comme l'avaient annoncé les administrateurs l'automne dernier, on a réussi à réduire de moitié le déficit prévu de 7 millions, pour le limiter à 3,4 millions. Une «correction comptable technique» a cependant fait passer ce déficit à 4,8 millions. Essentiellement, on a reporté les revenus déjà encaissés du contrat de Londres, qui étaient inscrits au bilan des années 2010 et 2011, pour les étaler jusqu'en 2017.

C'est cette opération comptable qui explique le retard dans la présentation des états financiers de BIXI cette année, a précisé M. Plamondon. «On ne voulait pas sortir des états financiers qu'il aurait fallu corriger par la suite. Il n'y a pas de surprise, c'est en droite ligne avec ce qu'on avait annoncé.»

Vers les 50 000 membres

Les revenus de BIXI se sont élevés à 32 millions l'an dernier, dont 27 provenant des ventes à l'étranger et 1 million en commandites. SVLS a par ailleurs remboursé 1,2 million sur son prêt à la Ville de Montréal, dont il restait 33 millions au 31 décembre dernier.

M. Plamondon précise avec fierté que la société n'a pas eu recours à la garantie bancaire de 71 millions accordée par Montréal, qui devait essentiellement servir au contrat de New York.

Quant à la première moitié de l'année 2012, elle a rempli ses promesses en matière de fréquentation à Montréal, alors qu'on a atteint 49 227 membres pour 2,7 millions de déplacements. On a par ailleurs noté une baisse de 20% des déplacements des utilisateurs occasionnels, surtout dans les stations près des institutions d'enseignement, un effet direct des grèves étudiantes. Cette baisse n'a pas eu d'impact financier, précise-t-on, car les dépenses ont été diminuées d'autant.

«L'objectif était de 50 000 membres pour 5 millions de déplacements cette année, on va l'atteindre», assure le président.

Mais au-delà des chiffres, c'est surtout l'obligation de vendre les activités internationales de BIXI, imposée par Québec, qui a fait mal. «Ce sont les états financiers d'une société qui a traversé une année d'incertitude totale et complète. L'énergie a été canalisée dans ce volet-là. Il fallait toujours expliquer aux villes de l'extérieur ce qui arriverait avec nous.»

Une trentaine de candidats

Cette obligation faite à la société par celui qu'il appelle avec sarcasme «le ministre des bécyks à pédales», Laurent Lessard, «n'est pas la meilleure solution», dit sobrement M. Plamondon. Le président de la SVLS, qui avait annoncé sa démission en novembre 2011, explique qu'il est resté à son poste à la demande du maire Gérald Tremblay, pour boucler cet épineux dossier et finaliser le contrat à New York. «Après ça, peu importe si le ministre revient sur sa décision, oui, non, oui, non, je ne serai plus là. Ma moto m'attend.»

La semaine prochaine, a-t-il annoncé, la SVLS rendra public un prospectus à l'intention des entreprises intéressées par l'acquisition des activités internationales. Elles seraient une trentaine, québécoises et étrangères, privées et institutionnelles, à vouloir prendre le relais de BIXI dans ce volet lucratif. «On est finalistes à Genève, on finalise les discussions à San Francisco. Les gens voient que BIXI, c'est le meilleur système de vélo en libre-service du monde. Je suis sûr qu'on a mis en place un système qui ne coûtera rien aux Montréalais.»